mercredi 24 février 2016

La révolution Barrette

Récapitulons. Aucune diminution d’attente dans les urgences montréalaises au cours de la dernière année et baisse de moins d’une heure pour l’ensemble du Québec. Plus de 400 000 Québécois (25 %) toujours sans médecin de famille et le Québec, toujours en queue de peloton parmi les provinces canadiennes. C’est ici aussi où l’on trouve le plus de cliniques privées et le seul endroit où les frais accessoires, pourtant proscrits par la loi fédérale, sont permis. Le Québec est également une des provinces qui dépensent le moins en matière de santé tout en payant aujourd’hui ses médecins le plus. Ah, et les médecins qui auraient trop perçu durant la dernière année peuvent dormir tranquilles. Ils n’auront pas à rembourser la RAMQ.

Alors, la révolution Barrette, qu’est-ce que ça donne ? Quelques mois avant de déposer son projet de loi, le ministre bombait le torse en affirmant vouloir faire plus qu’un« simple exercice budgétaire », il ne visait rien de moins qu’un « changement de culture ». Il mettrait la hache dans la bureaucratie pour que « le patient soit en toutes circonstances au centre des actions qu’on posera ».

Dites ça aux proches de Mark Blandford, réalisateur bien connu, mort d’une rupture de l’aorte après que l’hôpital St. Mary’s a refusé de le traiter en novembre dernier. Le ministre a bien sûr nié tout lien avec ses compressions, soulignant que l’hôpital n’offrait la chirurgie vasculaire qu’un jour sur quatre, n’ayant qu’un chirurgien à sa disposition. Seulement, le chirurgien en question, Carl Émond, était sur place ce soir-là, mais à cause des compressions effectuées à St. Mary’s, il n’a pu obtenir la permission d’opérer. Si le rôle du médecin comme celui de l’hôpital restent à éclaircir dans cette histoire — une enquête est d’ailleurs en cours —, le résultat demeure tragique. Mark Blandford est mort en route pour un autre hôpital.

Dans une lettre envoyée au personnel, la directrice des services professionnels du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Louise Ayotte, a elle aussi montré les compressions du doigt, signalant au passage que le projet de loi 10, la restructuration des services de santé actuellement en cours, avait également privé l’hôpital de son conseil d’administration. C’est important à dire parce que c’est précisément le type de « bureaucratie » que pourfend le Dr Barrette dans son zèle de réformateur. Rappelons que la loi 10 a littéralement fait fondre, un peu comme le Dr Barrette lui-même, le système de santé : de 182 institutions qui administraient les soins, il n’y en a plus aujourd’hui que 34 pour toute la province.

Contrairement aux coupes dans les garderies ou dans les écoles, où l’on voit immédiatement les implications — moins de collations, d’orthophonistes, de sorties —, les coupes en santé, pourtant beaucoup plus importantes et plus rapides qu’ailleurs, n’évoquent rien de très clair. La réforme ambulatoire (1995) était au moins basée sur une théorie, mais la réforme Barrette bénéficie-t-elle même d’un plan ? « Le ministre semble vouloir extrapoler ce qu’il a fait comme chef de département d’un hôpital et l’appliquer à l’ensemble du système de santé », dit l’expert en santé publique Damien Contandriopoulos. Il a simplifié le système au maximum, éliminant des paliers administratifs au complet, des dizaines de conseils d’administration, y compris des représentants de patients, en prenant soin de concentrer tous les pouvoirs dans ses mains à lui. « Il y a un ministre au sommet et tout le monde obéit », dit le chercheur, notant le climat tendu, l’interdiction de critiquer la réforme et le taux d’absentéisme qui commence à se faire sentir.

Comparons, maintenant, ce climat morose avec le deuxième volet de la réforme voulant favoriser l’accès aux médecins. Après négociations avec les deux fédérations, le projet de loi20 a été tout simplement suspendu. « Tout le monde est sorti de là avec des gros sourires », dit M. Contandriopoulos. Et pour cause. On laisse maintenant aux médecins le soin de gérer eux-mêmes une meilleure prise en charge de patients, les motivant avec la perspective de primes en sus et en éliminant les pénalités de surcroît. À tout seigneur tout honneur. La rumeur veut que le PM ait sommé son ministre d’éviter la confrontation avec les médecins.

Or, pour l’instant, le seul changement tangible de la réforme Barrette, c’est la concentration des pouvoirs — dans les mains du ministre d’abord, dans celles des fédérations de médecins ensuite. Et ce n’est pas fini. Le troisième volet concernant le financement des activités médicales semble miser davantage sur le « combien ça coûte » plutôt que sur le « qui en a besoin ». On peut toujours appeler ça un changement de culture, mais certainement pas un qui privilégie le patient.

mercredi 17 février 2016

La fêlure

Au nom de l’art et du cinéma québécois, devrait-on passer l’éponge sur les penchants apparemment pédophiles de Claude Jutra ? Devrait-on feindre d’ignorer la part d’ombre d’un parcours par ailleurs « lumineux » ? Devrait-on respecter ce qui est non seulement privé mais profondément intime et conclure, en l’absence de victimes déclarées, que ce n’est tout simplement pas de nos affaires ?

Je sais ce que mon vieux prof de littérature (déjà invoqué ici) répondrait : oui, oui et oui ! C’était ne rien comprendre à l’art que d’aller fouiller dans la déviance personnelle et il incitait ses étudiants à ne pas s’y attarder. Un peu comme un accouchement, le processus de création reposerait sur des expériences parfois sombres, fétides, malpropres mais avec quel étonnant résultat ! Il fallait s’en tenir à ça, point à la ligne. Et puis, comme dit le grand Leonard Cohen : « There is a crack in everything / That’s where the light comes in. » C’est par la fêlure que passe la lumière, et les arts, plus que toute autre discipline, carburent précisément à ce maelström d’ombres et de lumières.

Il y a bien sûr d’autres raisons pour préserver la réputation d’un homme qui n’est plus ici pour se défendre et qui a beaucoup fait pour la culture québécoise. Être homosexuel dans les années 60-70 n’était certainement pas une sinécure. Il fallait forcément vivre recroquevillé sur soi-même. Or, les hommes attirés vers des mineurs, dit le spécialiste en délinquance sexuelle Yves Paradis, se voient souvent eux-mêmes comme des mineurs. Une façon de « minimiser » ce qui est toujours perçu comme une errance, une erreur de parcours ? Peut-être. Et puis, l’argument massue, personne ne s’en est jamais plaint. Il n’y a jamais eu et il n’y aura sans doute jamais d’accusations portées contre Claude Jutra. Comme disait Marc Béland à l’émission 24/60 : « La sexualité ne regarde personne jusqu’au jour où quelqu’un dénonce un abus. »

N’en déplaise à mon vieux prof et à tous ceux qui sont aujourd’hui scandalisés par ses révélations délétères, aucun de ces arguments ne suffit à remettre Jutra sur son piédestal. D’abord, de la même façon que nous ne passons plus l’éponge sur les errances sexuelles d’hommes politiques, nous sommes moins prêts à donner un statut particulier à des artistes aujourd’hui, du simple fait d’être des artistes. Il ne s’agit pas de pudibonderie, ou de se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Nous vivons depuis 30 ans sous l’enseigne des chartes des droits et libertés. Notre conception de la vie en société est davantage axée sur les droits de chacun ; elle est plus démocratique, disons. L’accident de voiture de René Lévesque en 1977, par exemple, impliquant la mort d’un homme, ne serait pas traité de façon aussi désinvolte aujourd’hui. Sa réputation de coureur de jupons, probablement pas non plus.

Bien qu’intellectuellement défendable, ériger un mur autour de la vie privée de personnages publics, c’est aussi leur donner un passe-droit qui, lui, n’est plus socialement défendable. On a vu trop d’abus au cours des dernières décennies, trop de femmes, de jeunes, d’autochtones agressés. Trop de figures d’autorité, d’hommes respectés et puissants, se permettre l’indéfendable. Les droits de cuissage ont fait leur temps. Ce qui a changé aussi, c’est la conception strictement linéaire de la loi : pas de dénonciation ? Alors pas de crime, comme l’intimait Marc Béland. Mais on sait maintenant que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de plaintes qu’il n’y a pas de victimes. Les histoires qui font les manchettes actuellement — le réseau de pédophilie, les adolescentes prostituées de force, l’affaire Ghomeshi — regorgent de victimes sans qu’il y ait eu nécessairement de plaintes. Dans la majorité de ces cas, on ne doute pas que des sévices aient eu lieu et on comprend, de plus, pourquoi les plaintes n’ont pas été déposées.

La présomption d’innocence, pour cruciale qu’elle soit lors d’un procès, ne peut guider l’opinion publique dans une affaire comme celle-ci. Si les révélations du biographe Yves Lever demeurent fort maladroites — à se demander d’ailleurs s’il comprenait bien dans quoi il s’embarquait —, toutes les personnes interrogées depuis n’ont fait que crédibiliser ses affirmations. « Tout le monde savait », rappelle Paule Baillargeon, invoquant les rapports du cinéaste avec de jeunes adolescents. Qu’on le veuille ou non, le comportement de Claude Jutra pose un problème moral qui ne le concerne pas uniquement. Ce n’est pas parce qu’on a choisi de regarder ailleurs de son vivant qu’on peut se le permettre aujourd’hui.

mercredi 10 février 2016

Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny

Les femmes aiment se faire battre. C’est la conclusion qui semble s’imposer après la première semaine du procès Ghomeshi, l’ex-animateur radio accusé d’agressions sexuelles. Elles aiment « l’amour qui fait boum ! », comme le dit la célèbre chanson de Boris Vian — ou la non moins célèbre Baby, hit me one more time de Britney Spears, des paroles que l’accusé et une de ses victimes, Lucy DeCoutere, ont d’ailleurs chanté ensemble peu de temps après l’incident qu’elle lui reproche.

C’est vous dire comment, à ce stade-ci, tout est sens dessus dessous. Autant les divulgations concernant l’animateur vedette, à l’automne 2014, ont marqué un tournant pour ce qui est du sérieux accordé à l’agression sexuelle, autant ce procès risque de faire reculer la cause de façon spectaculaire. À force de montrer que les trois plaignantes étaient d’accord pour participer aux ébats préconisés par Ghomeshi — n’ont-elles pas toutes cherché à le revoir après les incidents malheureux ? —, on est en train de les pendre à la corde du supposé masochisme féminin, les immoler à l’autel des têtes de linottes, de la même façon dont on a longtemps discrédité les victimes de viol pour cause de supposée luxure.

Le vieux mythe voulant que les femmes soient (au fin fond d’elles-mêmes) des « bêtes sexuelles » a longtemps saboté les victimes d’agressions sexuelles. Tout procès devenait vite le leur et elles perdaient souvent leur cause par conséquent. Même si la loi interdit aujourd’hui d’utiliser la vie sexuelle des plaignantes contre elles, porter plainte demeure, on le comprend, un pensez-y-bien.

Avec le procès Ghomeshi, c’est un autre mythe, plus dangereux encore, qui prend forme. Celui de la femme « carpette » qui en redemande quand un mâle alpha lui marche dessus, doublée (une fois ce comportement publicisé) de la méchante Gorgone, comploteuse et revancharde à souhait. Il faut voir certains criminalistes secouer la tête, déclarant les plaignantes troublées et mal intentionnées (deux d’entre elles auraient échangé jusqu’à 5000courriels), déplorant leur manque de « crédibilité »et annonçant le cas de la poursuite sur le « bord de l’effondrement » pour comprendre combien ce procès est dangereux pour les femmes.

Comme l’écrivait une professeure de droit cette semaine, si la vie sexuelle des plaignantes n’est plus admissible comme preuve de complicité, pourquoi la confusion amoureuse, ou la confusion tout court, le serait-elle davantage ? Aussi bête, aussi antiféministe puisse nous paraître le comportement de ces femmes prêtes à oublier qu’elles se sont fait brutaliser pour mieux amadouer M. Cool, il n’enlève rien au fait qu’un crime semble bel et bien avoir été commis.

C’est assez troublant, c’est vrai, de constater combien l’estime de soi, pour trop de femmes encore aujourd’hui, passe par l’attention, même malveillante, d’un homme de pouvoir, plutôt que par le respect de leur propre intégrité physique. Mais il ne faudrait pas que ce manque de prise de conscience nous fasse oublier l’essentiel.

L’essentiel, c’est que Ghomeshi a un long parcours d’agressions contre les femmes qu’il fréquentait. Jetées contre un mur, assaillies de coups de poing violents à la tête, étouffées au point de ne plus respirer, ce schème de violence — où la sexualité brille par son absence, soi dit en passant — s’est répété auprès d’au moins 23 femmes au cours des 13 dernières années, dont seulement 4 ont daigné porter plainte. Comme vient de le démontrer le journaliste Jesse Brown, le premier à découvrir le pot aux roses en 2014, Ghomeshi ne se prêtait pas innocemment à ces petits huis clos. Avant de se retrouver seul avec ses victimes, il établissait une correspondance avec elles pour les mettre au parfum de son style « expérimental », ajoutant parfois, dit une femme, « qu’elle devait apprendre à tout accepter ». Avec de telles traces écrites, et les photos nues qu’il demandait parfois de ses soupirantes, s’assurant également de poursuivre la correspondance après les ébats malheureux, l’animateur vedette se protégeait en cas de poursuites. « J’ai des textos », écrit-il rageusement à une jeune femme s’étant plainte d’avoir été manipulée et violentée par lui. « Tu le VOULAIS»

Loin de s’adonner à une « version édulcorée de Cinquante nuances de Grey », comme il le clamait initialement sur sa page Facebook, Ghomeshi savait qu’il pourrait être accusé de voies de fait et d’agressions sexuelles et, en parfait manipulateur, a savamment brouillé les empreintes du crime. C’est ÇA (si je peux à mon tour m’exprimer en majuscules), et non la soi-disant complicité des plaignantes, qui doit ressortir maintenant de ce procès.

mercredi 3 février 2016

Luc, Bernie (et PKP)

Luc Ferrandez ne sera pas maire de Montréal. L’annonce de son désistement à la tête de Projet Montréal déçoit tous ceux qui le voyaient aux commandes de la Ville, et ravit ceux qui se lèvent la nuit pour le maudire. C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que le controversé maire du Plateau a décidé de jeter la serviette. « Je sais que nous faisons peur », dit-il, précisant qu’il valait mieux laisser la place à « quelqu’un qui n’a pas ce boulet ».

Le geste n’est pas sans magnanimité. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un politicien ravaler ses propres ambitions pour le bien du parti. On sent aussi une certaine blessure chez celui qui incarne, pour le meilleur et pour le pire, la manière de vivre du Plateau. Même avec une bonne tête et une solide carapace, il est sans doute plus difficile qu’on le pense d’être sac de boxe à temps plein. On peut le comprendre de vouloir tourner la page. Mais tout en voulant servir son parti, et sans doute un peu lui-même, je me demande si Luc Ferrandez, en refusant d’affronter le « nouveau shérif en ville », ne dessert pas la gauche dont il est issu et qu’il a toujours très bien représentée.

Alors qu’on aimerait bien voir d’autres s’inspirer d’un tel geste de contrition (allo PKP ?…), Ferrandez tire sa révérence non pas parce qu’il peine à s’imposer comme chef de parti ni parce qu’il est en conflit d’intérêts ni encore parce qu’il manque de talents de communication ou d’efficacité. Plus encore que son prédécesseur Richard Bergeron, il a été fidèle à l’idée d’une ville plus écologique, plus culturelle, plus proche de l’entreprise humaine que de l’entreprise tout court. Ferrandez a beau passer pour un « radical », ses électeurs, eux, ont majoritairement applaudi ses initiatives en le réélisant avec une impressionnante majorité.

Il y a toujours quelque chose de rassurant à voir des politiciens demeurer fidèles à leurs principes. En cela, Luc Ferrandez ressemble à l’increvable sénateur du Vermont, Bernie Sanders, une autre « tête brûlée » (il n’hésite pas à se dire socialiste) qui indispose et impressionne à dose à peu près égale. Seulement, à 74 ans, l’ancien hippie et maire de Burlington a décidé, contre toute attente, de se présenter à la présidence contre Hillary Clinton. L’exact contraire du maire du Plateau, qui, pourtant beaucoup plus jeune, juge qu’il n’est pas l’homme pour affronter Denis Coderre aux élections municipales. Comme par hasard, les deux événements auront lieu à peu près en même temps en novembre 2017.

Bien sûr, Coderre comme Clinton sont des incontournables sur la scène politique. Vu leur longue feuille de route, leur organisation politique, leurs innombrables amis et leur indécrottable pragmatisme, ils prennent toute la place, campés solidement au centre tout en ne refusant pas les clins d’oeil à droite ou à gauche, ne reculant devant aucune poignée de main, aucun opportunisme pour se faire élire. Tous deux issus du centre gauche, ils font partie de cette malédiction qui s’est emparée de l’Occident depuis 30 ans — l’extrême centrisme — qui fait qu’on n’est jamais sûr de savoir qui l’on a devant soi tellement la gymnastique des valeurs est de rigueur (Denis Coderre, écologiste ?). C’est ainsi que le Parti travailliste de Tony Blair prône la guerre en Irak, le Parti socialiste de François Hollande, la guerre en Syrie, le Parti québécois, la charte des valeurs et la recherche du pétrole en plein Saint-Laurent, et le NPD, l’équilibre budgétaire coûte que coûte. Dans un autre grand retournement de veste, le parti de Philippe Couillard, lui, après avoir coupé dans les écoles, les garderies, l’aide sociale et tous les établissements de santé, prêche aujourd’hui la compassion et s’émeut des chevreuils à Anticosti.

Mise à part la bouillie pour les chats que cette obsession du centre crée, politiquement, elle condamne la gauche, la vraie, à vivoter dans les marges. On est tous tellement convaincus aujourd’hui qu’il faut être du « juste milieu » — surtout ne pas exagérer, ne pas faire peur — qu’on écoute à peine, même sachant souvent qu’ils ont raison, ceux qui prônent un réel changement. Jusqu’au jour où un homme, le dos voûté, les cheveux en broussaille, vient rappeler que le compromis flirte souvent avec la compromission, qu’à force de dire une chose et son contraire on ne sait plus trop qui l’on est et où l’on va. Le phénomène Bernie Sanders, c’est le refus de parler des deux côtés de la bouche et le désaveu magistral du culte de l’argent (et de ceux qui en possèdent) comme solution à tous nos problèmes. Surtout, l’incroyable ascension de Bernie nous rappelle qu’en politique, les meilleurs se font trop rares et les médiocres restent trop longtemps.