mercredi 22 juillet 2020

Tout ça pour ça?

Depuis le temps qu’on en parle, le port du masque a finalement été imposé, partout au Québec, pour un temps indéterminé. Mis à part quelques entêtés chez Tim Hortons ou ailleurs, la mesure, qui s’applique à toute personne de plus de 12 ans se trouvant dans un lieu fermé, semble bien acceptée. « Les Québécois ont massivement adhéré au port du masque partout dans la province », soupirait d’aise la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, en point de presse lundi.
Tout est bien qui finit bien. Peut-on alors arrêter d’en parler ? Le masque a pris énormément de place dans le discours public depuis quatre mois, beaucoup trop de place par rapport à la valeur intrinsèque du masque lui-même. Le masque n’est pas une panacée, on s’entend, seulement une mesure de protection additionnelle, après l’isolement, la distanciation et le lavage de mains. Il est surtout indiqué dans un contexte de déconfinement où la distanciation est plus difficile à respecter et où l’appel des amis, du cinéma et, même, du bureau devient irrésistible. Mais encore faut-il une adhésion massive (80 % de la population) pour que la mesure soit efficace. De là l’obligation de le porter, l’adhésion spontanée et sans chichi d’une vaste majorité de Québécois faisant vraisemblablement défaut. On aime se dire responsables et solidaires mais, de toute évidence, nous n’accotons ni les Japonais ni même les Allemands en la matière.
Si on a tant parlé de ce petit carré de tissu, n’est-ce pas, plutôt, parce qu’il symbolise la gestion en dents de scie de la crise sanitaire au Québec ? Le masque s’est imposé au fur et à mesure que l’optimisme des premiers jours, le sentiment que nous avions la situation bien en main (« ça va bien aller »), a cédé le pas à celui d’un manque de préparation suivi immédiatement d’un sentiment de catastrophe, en ce qui concerne les CHSLD, et, petit à petit, d’échec en général.
Oui, le Québec a réussi à garder le contrôle dans les hôpitaux, mais à juger des taux de transmission et de décès anormalement élevés dans la province, le contrôle a largement fait défaut ailleurs. Il est difficile de ne pas voir l’imposition du masque aujourd’hui comme une espèce de gros diachylon sur les nombreuses erreurs de parcours (le manque de tests, d’équipement, de personnel, de mesures de prévention de base…), une façon de sauver la face, si on peut dire, à un moment où le sourire fait défaut et où on ne peut plus se permettre de ratés supplémentaires.
Mais ce que cette fixation sur le masque a de plus désolant, à mon avis, c’est que, cinq mois après le début d’un séisme planétaire, d’un événement sans commune mesure dans l’histoire de l’humanité, nous sommes à racler le même petit carré de sable plutôt qu’à débattre de questions beaucoup plus cruciales pour notre avenir. La pandémie a réussi l’impensable, après tout : elle a fermé les frontières, freiné le commerce international et l’extraction de ressources naturelles, cloué au sol les avions, renvoyé la majorité des gens à la maison et diminué la consommation des deux tiers. Elle a abruptement et soudainement mis un frein au capitalisme sauvage. Qui l’eût cru ? Dans un extraordinaire pied de nez au pouvoir de l’argent, la pandémie a plutôt épargné les pays d’Afrique, les plus pauvres de la planète, tout en ravageant les plus riches, les États-Unis d’Amérique. Qui l’eût cru, là aussi ? Le monde a momentanément été dépouillé de son arrogance et de ses repères habituels. À partir d’une telle leçon d’humilité, il faut plus que simplement intégrer la distanciation au bureau, au bar ou à l’église. Il faut remonter aux sources de cette apocalypse des temps modernes, la destruction de l’environnement, et repenser le rapport à la nature. Il faut remettre en question la notion de village global basée sur une urbanisation, une mondialisation des marchés, une mobilité et une interconnectivité à outrance. Il faut se doter également de mécanismes de contrôle sanitaire, nationaux et internationaux, loin des petites luttes de pouvoir qui gangrènent, trop souvent, l’Organisation mondiale de la santé ou encore, notre propre fédération canadienne. Il faut plus que simplement réajuster le tir, ou bien ajuster son masque. Il faut un effort d’imagination incommensurable ; il faut ni plus ni moins réinventer le monde.
Comparé à ces enjeux bibliques, le port du masque fait figure de petit bout de l’entonnoir, un étroit goulot dans lequel on semble rester pris. Je ne remets aucunement son utilité en question, cela dit. Le masque est nécessaire, mais il renvoie d’abord et avant tout à la notion de survie et tant qu’on est dans la survie, on n’est pas dans l’imaginaire. Tant qu’on est dans les mesures strictement défensives, tant qu’on se concentre, tous ensemble, à ne pas prendre de risques, il est difficile de mener l’offensive, décidément plus risquée, de repenser le monde.
Alors, bravo, gang, pour les beaux masques. Peut-on maintenant passer à autre chose ?

mercredi 15 juillet 2020

La liste

Peut-on être pour le mouvement de dénonciation d’agression sexuelle et contre la tournure qu’il prend ? Pour que les femmes se lèvent en bloc sans soumettre un paquet d’hommes à l’arbitraire ? Pour la prise de parole sans tomber dans la tribune populaire à saveur maoïste ? Pour la solidarité, mais contre la chasse aux sorcières ?
L’heure, on dirait, est peu propice aux nuances. Après la dénonciation de Safia Nolin à l’égard de Mariepier Morin sur Instagram, suivie de la chute en ligne de têtes d’affiche de la scène musicale, voici « la liste », le nom de plus de 800 hommes accusés, à petite ou à grande échelle, d’agression sexuelle, et publiés, sans autres explications, sur Facebook.
Vu la rapidité avec laquelle les chanteurs écorchés se sont confessés, allant jusqu’à féliciter (!) leurs accusatrices — « je salue le courage des victimes qui dénoncent ; je mesure aujourd’hui l’ampleur du mal dont je suis responsable », écrit le rappeur Maybe Watson — on voit bien que la première vague de dénonciation du mouvement MeToo, celle qui a vu Harvey Weinstein, Gilbert Rozon et Éric Salvail tous inculpés, ont pétri les consciences. Tout le monde comprend parfaitement ce dont il s’agit aujourd’hui et beaucoup, visiblement, tremblent dans leurs culottes.
À voir autant d’hommes soudainement contrits, on conclut que le phénomène méritait un second coup de balai. On comprend aussi que des femmes aient voulu ratisser cette fois plus large. Cette nouvelle vague de dénonciation ne vise pas uniquement l’agression sexuelle proprement dite, celle qui est punissable par la loi. La fameuse liste publiée sur FB va plus loin en faisant l’inventaire de tous les gestes qui sous-tendent l’objectification sexuelle des femmes, ce qu’on appelle aujourd’hui, de façon un peu plus alarmiste, la « culture du viol ». Il peut s’agir d’un simple sifflement, un compliment un peu trop grivois, une main pesamment posée sur un genou, et jusqu’au viol comme tel.
Il s’agit là des marqueurs de la condition féminine d’aujourd’hui, ce qui reste (de plus choquant) de l’inégalité entre les hommes et les femmes après des décennies de combat. Il y a toujours eu un prix à payer du fait d’être femme, mais le prix est quand même nettement moins élevé maintenant. Les femmes ont une liberté de parole et de mouvement, une reconnaissance de leur compétence, une capacité de gagner leur vie qui n’existaient tout simplement pas auparavant. C’est au niveau sexuel que ça se gâte ; c’est ici que les femmes redeviennent soudainement des mineures et de simples objets. C’est la découverte de ce pot aux roses par les générations plus jeunes, des femmes élevées dans la parfaite égalité, s’attendant à « tout avoir » et découvrant, à l’âge adulte, qu’on ne leur avait pas tout dit, qu’il restait encore des zones d’ombre, qui explique, à mon avis, les remous qu’on constate actuellement.
Le nouveau radicalisme féministe est la conséquence de cette conjoncture astrologique, si on peut dire, une génération de femmes beaucoup plus exigeantes, aux attentes très élevées et à la mèche courte, juxtaposée au dernier bastion de mononc’— fussent-ils rappeur aujourd’hui. Comme au moment de la première incarnation du mouvement MeToo, ces protestations sont d’une importance capitale, voire révolutionnaire, vu le pouvoir inouï qu’il accorde aux femmes pour la première fois. Alors que les femmes ont encore des difficultés à accéder à des postes de pouvoir, voici qu’elles ont soudainement suffisamment d’influence pour démettre quelqu’un de ses fonctions. C’est du jamais vu.
Mais de là à vouloir s’instituer en tribunal révolutionnaire, à décider arbitrairement qui mérite d’être cru (toutes les femmes) et qui mérite d’être condamné sur la place publique (tous les hommes pointés du doigt), sans tenir compte des faits, sans tenir compte d’une certaine justice élémentaire, il y a une ligne (de grâce) à ne pas franchir. « Nous [n’expliquerons] pas de quoi sont accusées les personnes de la liste, car la simple mention de ceux-ci pourrait mettre en danger des personnes ayant dénoncé et mettre en jeu leur sécurité. C’est à vous de voir si vous voulez garder ces gens dans vos amis sachant qu’ils ont au moins harcelé ou agressé sexuellement, ou pire », déclame ex cathedra la meneuse de claque sur sa page FB.
Cette tendance à vouloir excommunier les « brebis galeuses », un vieux piège pour tous les mouvements de libération, se voit renforcée aujourd’hui par l’existence des réseaux sociaux. Elle rejoint une autre tendance malheureuse, celle de vouloir « canceller » les idées et les personnes qui nous déplaisent, phénomène qui hante certaines factions de gauche aujourd’hui. « De plus en plus, on cherche à punir ce qui est perçu comme une transgression de la parole ou de la pensée », rappelaient 150 intellectuels dans une lettre ouverte voulant favoriser la dissension et le débat. 
Même avec les meilleures intentions du monde, il est toujours dangereux de vouloir jouer au bon Dieu.

mercredi 8 juillet 2020

Coup d'état à Hong Kong

Hong Kong est à genoux. Reniant l’accord signé avec le Royaume-Uni en 1984, la Chine, cette vieille impératrice qui n’a pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs, a finalement mis le collet à la cité-nation récupérée en 1997. La mégapole de 7 millions d’habitants, qui devait pourtant jouir d’un statut particulier jusqu’en 2047 (« un pays, deux systèmes »), s’est effondrée en moins de 24 heures. Disparus, les parapluies des premiers jours, les Post-its tapissant les murs des cafés de slogans pro-démocratie, les barricades, les protestataires armés de masques à gaz ou de casques durs. Après plus de six ans de soulèvement (« If we burn, you burn with us » clamaient férocement les jeunes protestataires), Hong Kong est entré dans le rang sans faire de bruit, pendant que le monde entier regardait ailleurs, les yeux rivés sur un méchant virus.
Affichant son exploit en lettres géantes dans le port de la ville, Pékin impose, depuis le 30 juin, une loi martiale à ses compatriotes occidentalisés en prohibant désormais tout « acte de subversion, de sédition, de terrorisme ou de collusion ». Aussi bien dire toute manifestation, publication, déclaration ou représentation auprès de gouvernements étrangers jugés anti-Pékin. Les cas les plus graves seront passibles d’emprisonnement à vie. Signe que le message a bien été reçu, la figure emblématique du mouvement indépendantiste pro-démocratie, Joshua Wong, 23 ans, craignant pour sa sécurité, a annoncé qu’il se retirait de Demosisto, le mouvement de jeunes qu’il a fondé en 2016 et qui symbolisait l’avenir. Le parti a ensuite été dissous. Une autre tête d’affiche du même mouvement, Nathan Law, a déjà fui le pays. À Hong Kong, la démocratie plie bagage.
Depuis plus de 100 ans, Hong Kong agit comme un pont entre l’Asie et l’Occident, en plus de s’être développé comme un des grands centres financiers du monde et, plus récemment, un refuge pour dissidents chinois et une base pour intellectuels, chercheurs et journalistes. C’est un endroit culturel unique au monde, un territoire semi-autonome qui bénéficie de libertés individuelles et d’un système judiciaire indépendant, qui vient d’être soudainement avalé comme une plante carnivore avale, en pleine jungle, un gros insecte sans que la vie paraisse le moindrement perturbée pour autant.
« Ce qui se passe à Hong Kong n’est pas un petit acte isolé », avertissait le Hong Kong Free Press il y a quelque temps. « Nous devrions tous être effrayés et en colère, nous devrions tous nous sentir concernés. Pourquoi ? Parce que la crise politique aujourd’hui à Hong Kong démontre ce que nous réserve le futur. »
Avec ce dernier coup de pied, Pékin envoie un message non seulement aux Hongkongais, mais également au reste du monde. Le message est le suivant : l’expansion chinoise se poursuit et elle n’est plus uniquement technologique ou commerciale. Désormais, elle est aussi politique. En choisissant ce moment précis pour imposer sa nouvelle loi sur la sécurité nationale, la Chine de Xi Jinping parie, avec raison, que l’Occident sera trop occupé à soigner ses malades et à relancer son économie pour s’offusquer de ce premier coup de canon donné par la nouvelle puissance politique émergente. À travers le monde, la réaction à ce coup de théâtre a d’ailleurs été lourde de silence. Et puis, de toute façon, de dire le directeur adjoint du bureau de liaison avec Hong Kong, Zhang Xiaoming, « le temps où la Chine se préoccupait de ce que pensaient les autres est révolu ».
Pendant que nous nous contentions d’entretenir « de bonnes relations commerciales » avec la Chine, cherchant à ne pas trop les brusquer, le pays s’est mis, non pas à mimer nos comportements comme on le souhaitait, mais à fomenter de vieux rêves : la conquête du monde. Depuis 2013, le pays du Grand Timonier et de la Révolution culturelle a mis en branle pas loin de 3000 projets (des voies ferrées, des oléoducs, des aéroports, des centrales hydroélectriques…), une nouvelle et gigantesque route de la soie allant de Pékin à Londres, en passant par le Moyen-Orient et l’Afrique. La domination mondiale est quasi assurée, croit-on, d’ici le centenaire de la Révolution maoïste en 2049.
Dans le monde de l’après-COVID, celui qu’on discerne encore mal et sur lequel on s’interroge beaucoup, on peut au moins distinguer ceci : une Amérique amoindrie, de plus en plus grotesque, incapable, malgré sa richesse, de venir à bout de la contagion, de la discrimination et, par conséquent, de la perte de sens qui la ronge. Et, parallèlement à cette démocratie chancelante, la « dictature populaire » de Chine, toujours plus imposante, toujours plus décidée à dominer le monde.
Difficile de dire qui, de ces deux colosses, fait le plus peur.

jeudi 2 juillet 2020

La science d'abord?

« Je l’écoute. Je suis docile. » C’est dans ces mots que François Legault réitérait, il y a deux mois, la prérogative donnée à la science dans la gestion quotidienne de la pandémie. Pas question de mettre l’économie avant la santé publique ni de faire de la politique aux dépens de la vie des gens. « Je n’ai pas d’influence indue sur le Dr Arruda », disait le premier ministre.
On se doute, évidemment, que la réalité est un peu plus compliquée. On sait maintenant que la décision de ne pas rouvrir les écoles dans la région de Montréal n’en était pas une dictée par la science. « On a fait l’analyse. On aurait pu, pour des raisons de santé publique, les rouvrir. Mais il y avait des craintes, les parents avaient peur », a avoué le Dr Arruda en entrevue à La Presse.
On sait aussi que de plus en plus d’études et d’experts exigent le port du masque partout où la distanciation physique est compromise. Après avoir tergiversé longtemps, le gouvernement Legault a décidé, hier seulement, de rendre le masque obligatoire dans les transports en commun, tout en épargnant les commerces d’une telle mesure. Selon le microbiologiste québécois Michael Libman, cette nonchalance découle du souci (politique) de ne pas brusquer la population. « On est en train de nous laisser croire que la vie peut reprendre à peu près comme avant. » Un message dangereux, selon lui.
Aux États-Unis, des exemples de la politique qui tord le cou à la science sont légion. En Floride, par exemple, à la suite du déconfinement hâtif des plages, bars et restaurants, on a quintuplé le nombre d’infections en l’espace de deux semaines. Mais aucun exemple n’est plus troublant que l’histoire de la Dre Camilla Rothe, une clinicienne allemande qui, bien avant tout le monde, a découvert une caractéristique fondamentale du coronavirus, sa transmission asymptomatique, sans que sa découverte puisse bénéficier au vaste monde. Pourquoi ? La politique aurait pris les devants.
Tout n’a pas encore été dit sur le virus qui a paralysé la planète et coûté la vie à un demi-million de personnes depuis six mois. Ce qui est clair, par contre, c’est que partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, la réponse a été souvent cruellement inadéquate. L’une des raisons majeures de cette ineptie est d’avoir compris beaucoup trop tard, et c’est certainement le cas au Québec, que le virus pouvait se transmettre avant l’apparition de symptômes. L’avoir compris au moment où la Dre Rothe publiait ses observations dans The New England Journal of Medicine, le 29 janvier dernier, aurait vraisemblablement sauvé des milliers de vies, y compris au Québec. On estime aujourd’hui qu’entre 30 et 60 % des cas de coronavirus sont transmis par des personnes asymptomatiques.
« J’ai été surprise de voir qu’une vérité aussi simple pouvait créer une telle tempête », de dire la première intéressée. Une enquête du New York Times, publiée dimanche dernier, démontre que les leaders politiques, l’Organisation mondiale de la santé et parfois certains scientifiques eux-mêmes, aveuglés par la compétition professionnelle, ont boudé et parfois craché sur l’information que venait de découvrir Camilla Rothe. En identifiant la source du premier cas d’infection en Allemagne — une femme d’affaires chinoise de passage à Munich —, la Dre Rothe venait de comprendre ce qui ne serait admis « officiellement » que deux mois plus tard : oui, on peut transmettre le virus sans se savoir infecté. (De là l’importance du masque.)
« À l’époque, on croyait tous que le coronavirus se comporterait comme le SRAS », explique le Dr Libman, spécialiste des maladies infectieuses de l’Université McGill et un confrère de Camilla Rothe. La tendance immédiate de vouloir discréditer la découverte de sa collègue tient à plusieurs choses, selon lui. Le fait d’être une simple clinicienne plutôt qu’une « chercheuse » a dû jouer, et le fait d’être une femme n’a pas aidé non plus. Comme le démontre l’article du NYT, les rivalités professionnelles ont asséné de méchants coups de coude à la Dre Rothe.
« Mais on ne voulait surtout pas croire ce que disait Camilla parce que les implications étaient trop catastrophiques », de poursuivre le Dr Libman. « Cela voulait dire qu’on ne pouvait pas se contenter de tester et d’isoler les seuls malades, il fallait tout arrêter. » Sans parler de tester la population générale, ce qu’aucun leader politique n’était prêt à envisager. On se souviendra aussi que l’Organisation mondiale de la santé, subissant des pressions politiques, a mis énormément de temps avant d’officialiser la pandémie, en plus d’entretenir elle-même, encore récemment, la confusion sur la transmission asymptomatique.
Témoin privilégié de toute cette controverse, Michael Libman dit qu’il n’a pas pensé à alerter les autorités sanitaires québécoises. « Nous n’avons aucun lien avec la Santé publique », dit-il, déplorant qu’il n’y ait pas davantage de coordination nationale en ce qui concerne les enjeux sanitaires. « Nous avons tous, en fait, été dépassés par ce virus. Il courait plus vite que nous".