mercredi 24 septembre 2014

Le champ de ruines

« À quoi sommes-nous capables de donner encore du sens, outre l’économisme ? »
  Si je devais choisir une phrase parmi une pléthore entendue lors du rassemblement citoyen pour l’indépendance DestiNation, je choisirais celle-là, de la comédienne et militante d’Option nationale Catherine Dorion, citée en ouverture par un des organisateurs du colloque, Pierre Curzi. La phrase résume bien ce que d’autres — de Louise Harel à Jacques Parizeau, en passant par les philosophes Eric Martin et Danic Parenteau — exprimeront à leur façon : le mouvement indépendantiste, du moins comme exprimé par son porte-voix numéro 1, le Parti québécois, est, sinon « un champ de ruines », du moins sérieusement en panne d’idées.
  Poliment mais fermement, on a tour à tour rappelé aux figures de proue péquistes qu’à tant se préoccuper du « comment », on oubliait de mettre à jour le « pourquoi » de l’indépendance. On a aussi rappelé la difficulté qu’ils ont eue jusqu’à maintenant à tendre l’oreille. « Sortir, parler et convaincre », de dire Jean-Pierre Charbonneau, a toujours été la méthode préconisée par les souverainistes. « Écouter n’était pas dans le slogan », ajoute-t-il.
  Bien que rassemblant davantage de vieux militants que de jeunes recrues, l’événement a quand même mis le doigt sur le problème de fond qui mine le champ indépendantiste, d’ailleurs souligné à gros traits par le référendum écossais. Le vieux « paradigme » de l’infériorisation canadienne-française, qui sous-tend la lutte nationale depuis les années 60, ne fonctionne plus. Ou comme dirait Xavier Dolan, « la notion de pays ou de province ne veut rien dire pour les gens de ma génération ». Aujourd’hui, les Québécois, comme les Écossais, ne se considèrent pas comme des porteurs d’eau. La grande majorité (plus de 70 %) se considère à part, par contre. Cette identité à la fois distincte, forte et fière ratisse large : hommes, femmes, jeunes et même les plus vieux s’y retrouvent. C’est la lueur au bout du tunnel, la seule pâte à modeler que détiennent les forces souverainistes pour l’instant.
  C’est le cadeau empoisonné de René Lévesque, si on peut dire, de nous avoir donné le goût d’être maîtres chez nous sans nécessairement vouloir devenir propriétaires. « Les indépendantistes ont oublié qu’il s’agit d’une sécession », de préciser Danic Parenteau. Dès le premier référendum, et encore en 1995, on a volontairement gommé les conséquences du Oui, faisant miroiter la rassurante association avec le reste du Canada. Au final, on pouvait croire que tout ce branle-bas de combat visait essentiellement à « refonder » le fédéralisme plutôt que de faire ses valises une fois pour toutes. Ce qui expliquerait qu’une grande proportion de Québécois pense, encore aujourd’hui, selon le sondeur Pierre-Alain Cotnoir, « qu’il est possible de réformer le fédéralisme ». Plus qu’un talon d’Achille, il s’agit là, pour les indépendantistes, d’un véritable poignard dans le dos.
  Après deux échecs référendaires et quatre décennies d’évacuation des véritables enjeux, que faire maintenant ? Comment amener une majorité de Québécois à trouver « normale » la rupture avec le reste du Canada ? La pierre philosophale indépendantiste, la voilà. On a évidemment parlé de campagne de sensibilisation à long terme, d’assemblée constituante et de « remettre la critique fédérale à l’honneur ». On a aussi mis une idée beaucoup plus radicale sur la table, celle de fonder la souveraineté, pas seulement sur des questions sociales ou identitaires, mais carrément sur un régime politique différent, celui de la république. Citant Jean Jaurès, Danic Parenteau rappelait qu’être libre, « ce n’est pas seulement refuser des choses, c’est aussi adhérer ». Tout ça est fort intéressant, mais pas toujours évident.
  D’ailleurs, pendant que 800 personnes entassées dans un petit auditorium bien sombre se demandaient comment relancer la cause indépendantiste, 3000 autres rassemblées au parc Lafontaine et plus de 300 000 dans les rues de New York manifestaient pour la survie de la Terre. « Il n’y a pas de planète B », comme clamaient éloquemment certaines pancartes. Et si la question environnementale s’avérait la réponse par excellence à la question de l’avenir incertain du mouvement indépendantiste ? Non seulement met-elle en relief ce que Robert Laplante appelle le « fédéralisme pétrolifère » de Harper, mais elle met aussi le doigt sur ce qui fait courir 99 % des Québécois : la survie. « Historiquement, quand on dit aux Québécois qu’ils n’existent pas, dit Pierre-Alain Cotnoir, c’est là qu’ils veulent être indépendants. »
  La République de la survie. Le Québec pourrait se positionner comme le refuge de tout ce qui veut continuer encore longtemps, y compris les bélugas, la forêt boréale, les réfugiés politiques, l’égalité des droits et, bien sûr, le français en Amérique.

mercredi 17 septembre 2014

Triumvirat de la violence

Guy Turcotte. Oscar Pistorius. Ray Rice. Trois hommes qui ont fait couler beaucoup d’encre, trois hommes coupables de violences inimaginables, voire incompréhensibles. Guy Turcotte a tué, de 47 coups de couteau, ses deux enfants. Oscar Pistorius a abattu sa fiancée de quatre coups de revolver la nuit de la Saint-Valentin. Ray Rice, seul avec sa femme dans l’ascenseur d’un casino, l’a frappée jusqu’à lui faire perdre connaissance.
  Les démêlés avec la justice, ainsi que les réactions du public ont suivi leur cours dans les trois cas. Et dans les trois cas — c’est l’autre dénominateur commun dans cette histoire —, le cardiologue de Saint-Jérôme, le champion paralympique de Johannesburg et le footballeur des Baltimore Ravens s’en sont fort bien tirés. Dans le cas de Ray Rice, l’heureux dénouement vient tout juste de se gâcher à la suite de la sortie d’une deuxième vidéo illustrant exactement ce qui s’est passé dans l’ascenseur. Mais c’est seulement parce que l’opinion publique (la vidéo a été vue plus de 9 millions de fois) a forcé les autorités de la NFL à mettre leurs culottes. Rice, qui n’écopait que de deux jours de suspension après sept mois de tergiversations, vient d’être radié de la NFL à vie. Bien qu’il évite toujours une poursuite judiciaire, sa carrière de footballeur est définitivement derrière lui. On ne peut en dire autant de Guy Turcotte ou d’Oscar Pistorius qui, jusqu’à maintenant, ont été favorisés par le système judiciaire et qui, ne sait-on jamais, pourraient reprendre leurs activités professionnelles en temps et lieu.
  Le favoritisme dans le cas du cardiologue n’est pas tant reflété par sa récente mise en liberté (les principes de droit semblent avoir été ici minutieusement respectés), mais bien par le verdict de « non-responsabilité criminelle pour cause de trouble mental » rendu en juillet 2011. Si le juge n’a pas demandé au jury de distinguer entre « trouble mental » et « intoxication », maladresse qui vaudra à Turcotte un second procès bientôt, et si le jury n’a pas non plus cru bon de faire de lui-même cette distinction — elle saute pourtant aux yeux : rien du comportement de l’accusé avant le meurtre de ses enfants, et même après, indique un trouble mental inhérent —, c’est qu’il y avait d’emblée un préjugé favorable en faveur du distingué cardiologue, un homme qui paraît bien et qui sait convaincre de surcroît.
  Guy Turcotte a assassiné ses propres enfants pour se venger de la femme qui l’avait quittée, la mère de ses enfants. On l’oublie très souvent, mais c’était d’abord un acte de violence conjugale, poussé à l’extrême. Turcotte, Pistorius et Rice sont tous coupables du même crime, au fond: attaquer la femme qu’ils aiment. Étonnamment, ce crime est plus souvent excusé par les femmes que par les hommes. Janay Rice, la femme du footballeur, en fournit un brillant exemple puisqu’elle s’est immédiatement portée à la défense de son mari, invitant les mécontents à se mêler de leurs affaires. Il n’y a qu’une femme pour penser qu’il y a de l’amour dans les insultes, les crachats et les coups de poing d’un homme violent. La violence conjugale est à ce point endémique — au Canada, près de 50 % des femmes ont connu la violence sexuelle ou conjugale — qu’il faut bien justifier l’intenable comme on peut. Or, sept des onze jurés au procès de Guy Turcotte étaient des femmes. Je pense que cette prépondérance féminine a certainement dû jouer dans le verdict de non-culpabilité.
  Dans le cas d’Oscar Pistorius, une femme est à coup sûr responsable de son exonération : le sort de l’athlète était entièrement dans les mains de la juge Thokozile Matilda Masipa. La présence d’une femme noire dans une cause d’homme blanc était vue comme une victoire de la nouvelle Afrique du Sud. Mais c’était avant que la juge livre son verdict de non-culpabilité pour meurtre, s’en tenant au simple homicide involontaire. Le favoritisme envers l’homme blanc sévit toujours, peut-on conclure, d’autant plus que le dénouement ici jure avec celui d’une autre célébrité sud-africaine, le rappeur « Jub Jub », un Noir, récemment condamné pour meurtre et 20 ans de prison, après avoir foncé sur des écoliers en voiture. Le fait d’être une femme, en plus de Noire, ne peut qu’avoir contribué à entièrement brouiller la piste de l’homme en colère attaquant sa conjointe, ce que fait sans vergogne le jugement de Mme Masipa. En passant, l’Afrique du Sud a le taux de violence conjugale le plus élevé au monde.
  À l’instar de Guy Turcotte, Oscar Pistorius pourrait bien se voir imposer un nouveau procès pour cause « d’erreurs judiciaires ». Mais, en fait, l’erreur est ailleurs. Elle est dans le passe-droit qu’on accorde trop souvent aux hommes qui violentent leurs conjointes et pour lequel les femmes elles-mêmes ont une part de responsabilité.

mercredi 10 septembre 2014

À quand le contenu?

La saison des idées est de retour au Parti québécois, mais pour l’instant, on en compte qu’une seule, un peu usée de surcroît : l’indépendance au congélateur jusqu’à nouvel ordre. C’est ce que les deux aspirants chefs Bernard Drainville et Jean-François Lisée, deux hommes toujours « en réflexion » mais dont le jeu transparaît quand même un peu, se sont empressés de nous communiquer. Les députés de Marie-Victorin et de Rosemont jugent sans doute leurs propositions bien différentes — l’un voit poindre un référendum à l’horizon (lointain), l’autre pas —, mais le commun des mortels retiendra simplement que ces deux-là, comme d’ailleurs tous les chefs péquistes depuis Jacques Parizeau, ne sont pas pressés. Contrairement à celui qui ne dit toujours rien mais qu’on sent partout, Pierre Karl Péladeau, pas question de poing en l’air pour ces deux anciens journalistes.
  Avec ces déclarations, Drainville et Lisée posent le genou à la ligne de départ de la course à la chefferie, en prenant soin de se démarquer d’une éventuelle candidature PKP. En disant « entendre les Québécois », les deux lièvres de la course veulent s’assurer que Péladeau-le-poing-en-l’air demeure l’épouvantail qu’on a connu lors des dernières élections. Pourquoi les deux députés, qui se réclament tous deux du centre gauche, n’attaquent pas le député de Saint-Jérôme là où ça fait mal, sur sa droite, là où on pourrait avoir un véritable débat d’idées, me laisse personnellement perplexe. Pourquoi aucun aspirant candidat, ils sont quand même plusieurs, n’a encore cru bon de lancer une idée qui donnerait vraiment la mesure d’un « nouveau Parti québécois » m’interroge aussi.
  Jusqu’à maintenant, les idées se sont limitées au processus de sélection du nouveau chef : frais d’inscription, limite d’argent à dépenser et primaires ouvertes ou pas. On semble réfléchir beaucoup sur le comment, pas tellement sur le pourquoi, sur le contenant beaucoup plus que sur le contenu. L’exécutif du Parti québécois semble en plus favoriser la candidature de Pierre Karl Péladeau. Comment interpréter la proposition de « frais d’inscription dissuasifs » de 35 000 $ par candidat sinon ? C’est sept fois plus que ce qui avait été exigé la dernière fois, en 2007, ce qui commence à ressembler aux exigences financières du parti « de l’argent », le Parti libéral.
  Tout se passe comme si la seule leçon retenue, depuis la défaite du 7 avril dernier, concernait uniquement l’article 1 du programme du PQ. Sauf qu’il n’y a pas que l’ambiguïté légendaire vis-à-vis de l’indépendance qui a fini par incommoder. Il y a également l’ambiguïté par rapport à tout le reste : les ressources naturelles, l’environnement, l’éducation, le peu de cas fait de la culture lors des 18 mois Marois, un gouvernement pourtant entiché d’identité québécoise, pour ne rien dire de la bombe à retardement qu’a été la charte des valeurs québécoises. Les sondages avaient beau montrer l’appui de francophones à un projet de laïcisation, l’entreprise éhontée de séduction que s’est avérée la véritable motivation de projet de loi 60, avec ses manigances et ses mièvreries, la profonde division qui s’est installée au sein de la population, les expressions désobligeantes et parfois carrément racistes qu’elle a suscitées, ont fini par peser lourd.
  Que personne du parti ne se soit senti suffisamment interpellé par ces dérapages pour exprimer son désaccord en dit long sur l’aveuglement volontaire de toute politique partisane. Que personne du parti encore aujourd’hui, en commençant par Bernard Drainville, n’admette ici une erreur de parcours, n’inspire rien de bon pour la suite. Ce n’est pas en sifflant dans le cimetière que les éventuels candidats vont se refaire une crédibilité.
  Le dernier exercice du pouvoir a été catastrophique pour le Parti québécois. Les candidats pressentis à la course à la chefferie le savent et d’ailleurs le disent. On aimerait maintenant qu’ils nous expliquent comment ils entendent se distinguer, autrement qu’en choisissant une date plus ou moins éloignée d’un prochain référendum. N’en déplaise au député de Rosemont, ce n’est pas tout à fait vrai que « chaque fois qu’il fut au pouvoir, le Parti québécois a fait l’inverse [du Parti libéral] ». Que ce soit en économie, en environnement ou en culture, le dernier bilan péquiste ressemble à s’y méprendre à ce qu’auraient fait libéraux ou caquistes.
  Si on peut comprendre pourquoi deux des candidats à la chefferie le plus en vue n’ont pas envie de se mettre la tête sur le billot de l’indépendance, on comprend mal leur manque d’appétit pour raviver les flammes de la social-démocratie. C’est ce qu’ils ont de mieux pour se distinguer à la fois du redoutable PKP et de leurs adversaires politiques les plus menaçants.

mercredi 3 septembre 2014

La retraite nuit à la santé

Faites-vous partie du 55 % des Québécois qui « s’en vont vers un mur » ? Selon l’économiste Michel Lizée, 38 % d’entre nous envisagent la retraite sans « rien » et un autre 17 % a des économies insuffisantes pour vivre confortablement leur âge d’or. Selon mes calculs, je fais indéniablement partie de ceux qui vont vivre un âge de cuivre ou peut-être même de plomb. Comment savoir ? Non seulement a-t-on une très petite idée de ce vers quoi nous nous dirigeons, mais le débat de l’heure, celui des régimes de retraite, est empêtré dans des chiffres obtus souvent difficiles à comprendre. Ce qui ne m’empêche pas de prêter l’oreille et de me sentir éminemment concernée.
  Le vrai problème, à mon humble avis de fille qui ne sait pas compter, ce n’est pas que les syndiqués municipaux gagnent trop, comparativement à leurs vis-à-vis ailleurs dans la fonction publique. Après tout, les hommes, encore aujourd’hui, gagnent près de 20 % de plus que les femmes, toutes catégories d’emploi confondues. S’est-on empressé de baisser leurs salaires pour autant ? Pas du tout. Leur a-t-on dit qu’ils étaient des bébés gâtés surpayés qui bouchaient les horizons des autres ? Là aussi, on s’est retenu. Il y a toujours quelque chose d’odieux dans les inégalités inscrites au coeur même du système, mais l’idée a toujours été d’élever le niveau des défavorisés plutôt que de faire reculer les privilégiés. Un bon principe à ne pas perdre de vue ; une société ne peut avancer sinon.
  Le vrai problème est que l’organisation du travail a beaucoup changé depuis 50 ans et est appelé à changer encore davantage. L’ère « Ford » de l’emploi, d’après l’organisation du travail mise en place par l’industriel américain Henry Ford, cinq jours par semaine, 8 heures par jour, un « travail à vie avec bénéfices », est en train de disparaître au profit d’une montée vertigineuse de travailleurs autonomes et à temps partiel. Selon un sondage Gallup basé sur 136 pays, c’est une minorité de gens aujourd’hui — seulement 26 % — qui ont un travail à temps plein, explique Doug Saunders du Globe and Mail. À travers le monde, les deux tiers des gens en âge de travailler ont donc un emploi atypique.
  Bien qu’au Québec, comme ailleurs au Canada, le ratio de salariés est encore de loin supérieur (75 %) aux non salariés (25 %), les emplois à temps plein stagnent alors que le temps partiel et le travail autonome continuent d’augmenter. Je peux vous en parler de vive voix, je fais partie des statistiques. C’est l’arrivée en masse des femmes sur le marché du travail, à la fin des années 70, qui explique l’émergence du phénomène. Au début, il s’agissait de la meilleure façon de gagner sa vie tout en s’occupant de la famille. Mais, rapidement, d’autres facteurs entrent en ligne de compte : l’envie de travailler autrement que ligoté à un bureau, à une caisse chez Steinberg ou à une chaîne de montage. Et, bien sûr, à partir de la récession des années 1980, la difficulté de trouver un emploi permanent, tout simplement. À ces données sociologiques, il faut ajouter la révolution technologique des années 1990 qui a chamboulé les milieux de travail plus encore que l’arrivée des femmes.
  On ne peut vraisemblablement pas continuer comme si tout ça n’existait pas, comme si nous vivions toujours les « Trente Glorieuses », la période de croissance ininterrompue qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale et qui a sans doute contribué à faire des baby-boomers la génération la plus utopique de l’histoire. Je suis personnellement très sympathique à l’idée de revoir les systèmes d’avantages qui ont été pensés il y a 50 ans. Seulement, pas en scrutant uniquement le petit bout de la lorgnette. La vraie iniquité n’est pas entre les syndiqués municipaux et les autres syndiqués de la fonction publique, ni même entre les « gras durs » du système — les policiers et pompiers de Québec et de Montréal — et tous ces Québécois qui entament leur retraite mal en point. Le grand déséquilibre réside entre les travailleurs qui, depuis 1979, ne cessent de s’appauvrir alors que les entreprises, elles, ne cessent de s’enrichir, comme rappelle un éditorial récent du New York Times. Rappelons aussi qu’au Québec, la part de l’employeur dans les régimes de retraite a fondu de 70 %, dans les années 60, à 40 % aujourd’hui.
  En attendant une réforme qui tiendrait compte de toutes les données, consolez-vous, chers appauvris, en vous disant que, de toute façon, la retraite est malsaine. Plus vous ralentissez, plus la démence et autres maladies vous guettent, disait un invité de Denis Lévesque récemment. De la même façon que « liberté 55 » (la retraite à 55 ans) a servi de slogan il y a 40 ans, « la retraite est nuisible pour la santé » pourrait bien être le nouveau mot d’ordre de l’époque maussade que nous vivons.