mercredi 26 février 2014

Oublier ce dont on se souvient

«Jadis, il y avait des Amérindiens, ensuite des bûcherons, maintenant des indécis. »
  De toutes les phrases recueillies par l’historien Jocelyn Létourneau dans son récent ouvrage, Je me souviens ?, c’est une de mes préférées. La formule, délicieusement ironique, résume bien l’histoire du Québec : l’avant-Conquête (le pays est entre d’autres mains), l’après-Conquête (on n’en mène pas large) et le post-Révolution tranquille (on se cherche toujours).
  Le prof de l’Université Laval a demandé à des jeunes, de la 4e secondaire jusqu’à l’université, de résumer en une phrase le passé du Québec. L’idée n’était pas de mesurer leurs connaissances, mais plutôt d’examiner leur « conscience historique », l’idée que se font les 16-24 ans de la « condition » québécoise. Et elle n’est pas rose, cette condition. L’ouvrage fait jaser car il dément, d’abord, la notion d’une jeunesse ignare et insouciante, mais surtout, il démontre que l’identité franco-québécoise est basée sur le manque, « c’est-à-dire l’idée selon laquelle le parcours québécois tient de l’acte inachevé, voire avorté ».
  Si le gouvernement Marois cherchait de nouvelles munitions pour justifier son projet de charte, et le nationalisme identitaire qui le sous-entend, eh bien, en voilà une caisse. L’identité un peu poquée, meurtrie, en mal de reconnaissance des Québécois francophones est justement la raison du succès de la charte auprès d’un certain électorat blanc, francophone, d’âge mûr, en droite ligne avec les bûcherons, si on peut dire. Cette vision tragique du passé, nous dit Jocelyn Létourneau — « Tout a commencé par la défaite », « On s’est fait avoir ! », « L’histoire d’un peuple floué » —, est très présente chez les jeunes également.
  La mauvaise nouvelle pour le gouvernement Marois, si on se fie aux 3423 locutions colligées, c’est que la militance n’est pas tellement au rendez-vous. Rendus au cégep, les jeunes ont les idées à la fois plus claires et plus sombres (il faut croire qu’ils ont bien profité de leur cours d’histoire au secondaire), mais ils sont moins revendicateurs, moins portés à entrevoir l’action militante. C’est bien ce qui ressort des sondages, d’ailleurs. Les jeunes Québécois francophones sont souverainistes dans l’âme, nés pour la brioche plutôt que le petit pain, mais pas toujours très motivés à faire l’indépendance pour autant. Ils sont davantage préoccupés par le grand monde, l’environnement, la justice sociale que « le flag sur le hood », comme dirait Jean Chrétien. Ce qui explique aussi leur désaffection vis-à-vis du projet de charte.
  Il y a une autre mauvaise nouvelle pour le gouvernement Marois, pour tout mouvement indépendantiste en fait. L’étude de Jocelyn Létourneau démontre un écart considérable entre les sexes. « Les garçons sont sensiblement plus nombreux que les filles à décrire l’expérience québécoise sous l’angle d’une grande et longue misère », dit-il. Si à peu près tout le monde voit le passé québécois comme un champ d’embûches, un long fleuve pas du tout tranquille, y compris les anglophones, les hommes francophones, eux, ont tendance à prendre la Conquête « personnel », plutôt que simplement historique. Comme si beaucoup d’hommes, encore aujourd’hui, sentaient la honte d’avoir perdu la bataille il y a 300 ans. « Défaite, échec, erreur, vaincu, dépendance… » sont les termes qui reviennent tout le temps dans la bouche des étudiants.
  Ne nous demandons plus pourquoi la lutte indépendantiste a toujours attiré davantage d’hommes que de femmes. Se voir en victime de l’histoire apparaît ici comme un phénomène davantage masculin, d’ailleurs brillamment décrit, il y a 40 ans, par l’écrivain Hubert Aquin. L’auteur de Prochain épisode allait plus loin encore, avançant que l’homme québécois était non seulement blessé dans son amour propre, mais atteint jusque dans sa masculinité par la Conquête. Pour avoir manqué à son devoir de redresseur de torts, il était désormais incapable d’avoir de bonnes relations avec la femme québécoise. Fort en ketchup ? Peut-être. Mais Aquin, comme on sait, a fait de sa propre vie un exemple de cette impuissance chronique en se tirant une balle dans la tête à l’âge de 47 ans.
  Il y a 10 ans, j’ai voulu faire un film là-dessus. Voir si ces « défaitisme, victimalisme, dolorisme » dont parlent à la fois Létourneau et Aquin pouvaient expliquer le taux de suicide anormalement élevé chez les hommes québécois de 18 à 45 ans. (N’ayant pas convaincu les institutions, le projet est resté en plan.) Bien que cette vision tragique s’amenuise aujourd’hui, comme d’ailleurs le fameux taux de suicide, il faut se demander si cette notion de « manque », si chère à l’identité comme au nationalisme québécois, n’a pas également ouvert la porte à beaucoup trop d’actes manqués.

mercredi 19 février 2014

Le sort de l'humanité

Nous sommes appelés à disparaître. Individuellement, c’est une vérité de La Palice, mais collectivement, la nouvelle se prend moins bien. L’humanité tout entière va s’éteindre à une date indéterminée, mais incontournable.
  Jusqu’à récemment, il n’y avait que l’Ancien Testament pour nous conter des peurs pareilles. Malheureusement, l’Apocalypse n’est plus la chasse gardée des évangélistes et des grenouilles de bénitier. Elle appartient désormais à la science. L’humanité court à la perte tête baissée, nous dit celle-ci, et la raison est claire, simple, indiscutable : l’utilisation d’énergies non renouvelables, dont évidemment le pétrole.
  Certains d’entre vous ont déjà commencé à rouler de la paupière. C’est rêver en couleur de penser que… Je trouve cela aussi. Après tout, le pétrole ce n’est pas seulement l’industrie de l’automobile, c’est l’asphalte, le toit des maisons, les ballons de soccer, les produits de beauté, le pull super moelleux que vous venez de vous acheter chez Simons (mais qui a une drôle d’odeur, quand même) et probablement une partie du bulletin de vote sur lequel vous faites religieusement un X aux quatre ans (ou moins). On ne se débarrasse pas du pétrole en criant David Suzuki. Et que dire des retombées économiques ? Le Québec a besoin d’argent, on ne le sait que trop bien.
  Tout ça pour dire que je comprends la décision du gouvernement Marois. Je comprends le besoin de voir aux enfants qui braillent, au toit qui coule, au compte de taxes qui est dû et aux voisins qui se plaignent. Je comprends le besoin de pallier aux urgences, de voir au court terme, mais alors, c’est le travail de qui, le long terme ? C’est la responsabilité de quel pays, au juste, le sort de l’humanité ?
  Pourtant, ce n’est pas les ouvrages scientifiques qui manquent. Un des plus récents, The Sixth Extinction : An Unnatural History, de la journaliste du New Yorker, Elizabeth Kolbert, raconte éloquemment ce qui se passe autour de nous. Par exemple, comment la disparition d’espèces animales, processus normal mais occasionnel, est passée d’un cas tous les 700 ans à 21 256 cas menacés d’extinction aujourd’hui, près du tiers de toutes les espèces étudiées.
  L’étude s’attarde surtout au fait que nous sommes actuellement plongés dans un événement rarissime dans l’histoire de la planète, un revirement écologique qui fera table rase du monde tel que nous le connaissons. Ce genre de cataclysme s’est produit à cinq autres reprises au cours des quatre milliards dernières années, mais jamais auparavant avec des humains à bord. La dernière disparition pandémoniaque, et la mieux connue, remonte évidemment au temps des dinosaures, alors qu’un astéroïde géant aurait subitement mis fin à l’ère du mésozoïque.
  Selon de nombreux scientifiques, nous vivons aujourd’hui la sixième extinction massive de l’histoire. Seulement, cette fois, l’astéroïde géant, c’est nous. « Aucune autre créature n’a réussi cet exploit [la destruction de son environnement], dit Elizabeth Kolbert, ce qui, malheureusement, deviendra l’héritage le plus durable de l’humanité. »
  Revenons donc à la décision-surprise du gouvernement Marois d’encourager la production pétrolière au Québec. Plusieurs ont applaudi. Il serait « immoral » de lever le nez sur un tel levier économique, a-t-on précisé. Mais que dire de l’immoralité d’ignorer l’avenir de l’humanité ? Il n’y a, après tout, qu’une seule façon de remédier au cataclysme qui nous pend au bout du nez. Il faut, disent les experts, laisser la presque totalité des réserves énergétiques où elles sont. Enfouies sous terre. Il faut commencer dès maintenant à trouver des solutions de remplacement. L’électrification des transports, la taxe au carbone, tourner le dos au gaz de schiste, c’est très bien, mais jumelés à l’exploitation du pétrole, c’est l’équivalent de se mettre au régime tout en mangeant du gâteau au chocolat. Un non-sens.
  L’aveuglement volontaire des politiciens au sujet de l’environnement m’apparaît l’équivalent, en fait, des ornières portées durant le temps de l’esclavage. Pendant des siècles, on considérait comme normale la vente d’êtres humains au nom du commerce international et des pratiques de travail. Il a fallu la Révolution française et la guerre de Sécession américaine, l’établissement de droits de la personne et, non la moindre action, un changement de cap du grand capital pour que la traite des Noirs soit considérée désormais immorale. Combien de temps encore avant que le déclic se fasse pour l’environnement ?
  En parlant de droits de la personne, la Ligue des droits et libertés fête ses 50 ans. Le droit des femmes, des autochtones, des minorités, le droit de manifester, à l’environnement… La Ligue en a enfourché, des chevaux de bataille. Une soirée est prévue demain pour l’occasion.

mercredi 12 février 2014

L'uniforme

Porter l’uniforme — ou, plutôt, tout faire pour ne justement pas en porter — est un de mes souvenirs impérissables de jeunesse. À 12 ans, j’avais conçu tout un système. Je me levais, enfilais mon uniforme d’école, une affreuse tunique rouge vin à plis, je déjeunais, disais au revoir à ma mère et quittais la maison, mine de rien. Sitôt le pas de la porte franchi, je me faufilais jusqu’au garage derrière, où j’avais pris la peine, la veille, de cacher mes vêtements de femme « libre ». Jamais les mêmes fringues, évidemment, ce qui impliquait des corvées en cachette cinq soirs par semaine. On a des principes ou on n’en a pas. Je ne trouvais pas seulement l’uniforme archilaid (il l’était), je n’aimais pas l’idée de me couler dans le moule proposé par les « bonnes soeurs » qui, vous le devinez, dirigeaient l’établissement.
  Que de souvenirs. Ils me sont revenus en lisant l’histoire de la jeune Leila Sayadi, expulsée du collège Letendre de Laval en 2010 pour cause de hidjab. Mon histoire mais à l’envers, et en 10 fois plus effrontée. À 13 ans, Leila est l’unique étudiante qui porte un voile dans une école privée et laïque. (Je n’étais pas, pour ma part, la seule « civile » à mon école). Elle fait bien sûr grincer des dents, mais refuse de se départir du voile. Leila, de toute évidence, est faite forte. Personne, à 13 ans, ne veut se faire montrer du doigt. Ce n’est pas tant la religion qui la motive, lit-on entre les lignes, que l’identité culturelle. D’abord, qu’est-ce qu’on peut bien savoir des « prescriptions coraniques » à 13 ans ? Ensuite, la mère de Leila ne porte pas le voile. « Personne ne m’a imposé ça », précisera la jeune fille, en faisant valoir son droit à la différence.
  On reconnaît ici le réflexe de deuxième génération. Alors que les premiers arrivants, la génération née ailleurs, s’empressent souvent de ne pas faire de vagues, de se fondre dans la collectivité, ce n’est pas toujours le cas pour la génération suivante qui, elle, ressent le besoin de revendiquer ses origines. Survie culturelle oblige. Au cours des 10 dernières années, j’ai rencontré beaucoup de jeunes femmes voilées qui répondent à ces critères. Comme Leila, comme moi à 12 ans, elles n’ont pas envie de perdre leur identité au profit de l’homogénéité du groupe, pas envie de s’uniformiser, même si dans leur cas ce sont elles, aux yeux de la majorité, qui portent l’uniforme honni.
  Je ne dis pas que revendiquer le port du voile ou le port de la minijupe est du pareil au même. Si les deux pratiques existent pour maintenir les femmes à leur place, disons-le franchement, le premier est de nature religieuse, l’autre pas. L’un vient chargé de l’histoire trouble du monde musulman depuis 50 ans, alors que le second est assimilé à un simple courant de mode — même si des siècles d’exploitation du corps féminin y sont directement reliés. Je ne dis pas non plus que de voir une femme « attachée » — c’est toujours un peu l’effet que le hidjab (version sévère) me fait — me coule comme l’eau sur le dos d’un canard. Je suis après tout de la génération qui a voulu brûler, non seulement son soutien-gorge, mais son affreuse tunique rouge vin sur la place publique. Je préférerai toujours les voiles aux quatre vents que ceux, pour citer le Coran, rabattus sur la poitrine.
  Mais revenons-en, voulez-vous ? Arrêtons de penser que la menace, le mal, le Moyen-Âge sont tous d’un côté, celui des religions ostentatoires, et pas du tout du nôtre. Les Nations unies viennent d’accuser le Vatican d’avoir mis des centaines d’enfants en danger en ignorant des actes pédophiles à répétition et, même, d’avoir encouragé « la poursuite de ces sévices » en protégeant les coupables. Si l’intégrisme musulman donne froid dans le dos, la pédophilie au sein de l’Église catholique doit bien donner quelques frissons, non ? Et s’il est possible de dissocier les signes catholiques qui parent nos rues et inévitablement nos vies de cette tare immonde, il est sans doute possible aussi qu’une femme se voile la tête sans qu’elle soit pour autant la militante des Frères musulmans.
  Arrêtons de croire surtout que la liberté est à sens unique. Il n’y a pas qu’une seule façon d’être libre, moderne, émancipée. Il n’y a que les esprits religieux qui pensent que la vertu se pratique d’une seule manière, que l’enfer est par-là, le paradis par ici. La pluralité des corps, des esprits, des croyances est absolument nécessaire à un espace démocratique digne de ce nom, pour ne rien dire de l’ennui incommensurable qui se dégage d’une société qui cherche, même de façon limitée, à uniformiser la place publique. Il faut se méfier de l’uniforme comme de l’uniformité, où qu’ils se trouvent.

mercredi 5 février 2014

Crise d'identité

La crise n’est pas celle qu’on dit. Peu importe ce qu’en diront les représentants du gouvernement Marois à l’approche des prochaines élections, il n’y a pas de véritable crise sur les questions d’accommodements religieux, de laïcité ou d’égalité hommes-femmes. La vraie crise est ailleurs, comme l’a signalé le philosophe Michel Seymour à maintes reprises. Elle concerne le besoin de reconnaissance et d’affirmation chez les francophones. Après des mois de débat, force est de reconnaître que le Québec ressent le besoin, pour reprendre les paroles du politologue Louis Balthazar, « de se dire un grand Oui ».
  Chaque fois qu’on entend dire comment nous avons sorti les curés des écoles et les femmes de leur maison, comment la charte est une nécessaire consécration de ce grand pèlerinage, c’est de valorisation nationale, en fait, qu’il est question. Parallèlement, quand on parle de ne pas « se faire manger la laine sur le dos » ou encore « d’hommes qui prient à quatre pattes », c’est l’aveu de notre propre manque de définition qui est en cause, notre propre fragilité identitaire.
  Quelqu’un aurait dû nous avertir qu’il y aurait des conséquences psychologiques à se taper deux échecs référendaires coup sur coup. Qu’un jour on chercherait notre revanche. Le Québec, qui compte beaucoup de politologues, aurait peut-être davantage besoin de psychiatres pour y voir plus clair. A-t-on d’ailleurs déjà mesuré l’effet de ces grands événements sur l’inconscient collectif ? Lorsque j’ai entrepris un film documentaire sur l’ex-premier ministre Jacques Parizeau, en 2003, j’ai été surprise de constater que personne n’était encore revenu, huit ans plus tard, sur le référendum de 1995. Un peu comme une femme qui aurait été laissée à l’autel, on préférait ne pas trop y penser. Car, au simple échec, il fallait ajouter cette fois une dose d’humiliation. Les propos de M. Parizeau ce soir-là, son départ précipité le lendemain, ont laissé leur lot d’amertume.
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  Or, tout ce qu’on a ravalé depuis 30 ans nous sort aujourd’hui par les pores de la peau. Loin d’être le parachèvement de la Révolution tranquille, la charte des « valeurs » est le prix de consolation des compromis politiques des dernières décennies, l’accommodement raisonnable d’un peuple qui se veut distinct mais pas indépendant, pluraliste mais pas trop, laïque mais profondément attaché à son passé catholique.
  Il s’agit d’un compromis d’abord et avant tout pour le PQ qui, pour les prochaines élections, du moins, tiendra l’affirmation identitaire, et non la souveraineté, comme article un de son programme. Le changement est plus profond qu’il en a l’air. Cette nouvelle orientation repose sur une vision nationaliste plus à droite, plus repliée sur nous-mêmes, que celle qui a longtemps mené les troupes souverainistes. Ce nationalisme s’est développé justement en réaction aux échecs référendaires, et particulièrement au dernier. Voyant que le discours inclusif n’assurait pas le succès, en plus d’incommoder bon nombre d’indépendantistes, on a ressorti de vieilles recettes.
  Le coup a porté, les sondages en témoignent, mais pour combien de temps encore ? Les jeunes, comme le disait Le Devoir le week-end dernier, sont indifférents à la charte. Ils ne se sentent pas menacés par des signes religieux et sont à mille lieues de vouloir imposer un code vestimentaire. Le « tricoté serré » n’est pas leur tasse de thé. Idem pour une autre importante tranche de la population, les anglophones et communautés culturelles, pour ne rien dire de tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans le PQ « nouveau ». À tous ces récalcitrants, il faut ajouter les fervents pro-charte qui sont par ailleurs inconfortables avec la perte d’emplois que l’adoption de la charte impliquera. Avec autant d’éléments qui tanguent, quelle houleuse traversée nous prépare-t-on ?
  Certains diront que le PQ a fait preuve de génie à si bien exploiter ce qu’Hubert Aquin appelait « la fatigue culturelle du Canada français », le sentiment d’insécurité qui colle à la peau des Québécois francophones d’un certain âge. C’est cette même frilosité que dénonçait d’ailleurs le chroniqueur Marc Cassivi de La Presse cette semaine, se désolant du caractère « blanc francophone » de la télé québécoise. Le Québec n’est ni moins métissé ni moins accueillant que bien des coins d’Amérique, mais la peur de l’Autre — ou si vous voulez, la peur de disparaître — y est plus manifeste. Le PQ l’a très bien compris. Malheureusement, plutôt que de tenter de nous hisser hors de ce guêpier, il nous y enfonce.