mercredi 26 avril 2017

Les mains balladeuses

La main dans le sac ou la main sur la fesse. Ce sont aujourd’hui les deux gestes qu’il ne faut plus poser pour quiconque rêve de politique. Le candidat de droite François Fillon, qu’on prédisait grand vainqueur de la présidentielle française il y a cinq mois, en est le dernier exemple. Défait au premier tour — après des semaines de campagne ponctuées de « Rends l’argent ! » —, le député de Paris vient de retirer ses billes du jeu. Les « emplois fictifs » (à sa femme et à ses enfants) ont fait de lui un cocu de la politique de la même façon que les partouzes de l’ex-dg du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, ont haché menu ses visées sur l’Élysée.

MM. Fillon et Strauss-Kahn n’ont pourtant rien fait que d’autres politiciens n’aient fait des centaines de fois avant eux. Seulement, signe de l’évolution des moeurs politiques, il est de rigueur aujourd’hui de taper sur le clou de la corruption et de l’agression sexuelle.

Combien de politiciens, ici au Québec, ont été interpellés pour de tels écarts de conduite au cours des deux dernières années ? (Je vous laisse le soin de dresser votre propre liste…) Des politiciens qui, il n’y a pas si longtemps, n’auraient pas eu à s’inquiéter de ce genre de roublardise financière ou « d’excès d’enthousiasme », pour parler comme le député libéral récemment pris à partie pour son comportement envers les femmes.

La dernière élection américaine est également pleine d’instruction à cet égard. Le concours présidentiel s’est décidé entre une femme largement perçue comme malhonnête, « Crooked Hillary », et un homme pour qui la chasse à la femelle est le sport favori, Donald « Grab them by the pussy » Trump. Les résultats de cette élection démontrent aussi que, des deux, corruption ou agression sexuelle, le premier (ou, du moins, sa perception, car en politique c’est bien ce qui compte) est à ce jour beaucoup plus condamnable. Après la révélation qu’un prédateur sexuel pourrait bien se retrouver à la Maison-Blanche, plusieurs croyaient que c’en était fait de Donald Trump. Mais non. C’est Hillary Clinton, la supposée menteuse, qui a dû payer la note.

Trump, lui, avait un as dans sa manche : celui d’incarner l’anti-establishment, la remise en question des partis traditionnels, la revanche des laissés-pour-compte, et j’en passe. Encore aujourd’hui, il se trouve protégé par un genre de kriptonite qui lui confère des pouvoirs surhumains, effaçant du même coup les mensonges, les banqueroutes, les impôts non payés, l’ignorance, l’inexpérience, la mesquinerie et la misogynie. Ce que les Français, eux, appellent « l’anti-système ».

C’est fou comment ne pas appartenir à la classe politique peut aujourd’hui vous mener loin en politique ! Ça rend carrément gaga. Voyez Emmanuel Macron. Depuis dimanche dernier, on n’en peut plus d’applaudir à sa victoire comme à la « recomposition à grande échelle des forces politiques ». C’est un nouveau jour de la Bastille, la découverte d’un nouveau monde et de tous les possibles ! Pourtant, l’homme demeure « insaisissable », n’a pas de grandes idées à lui, balance de droite à gauche comme un métronome de piano, n’est ni particulièrement charismatique ni particulièrement bon orateur. L’homme est certes plus « respectable » que celui aujourd’hui domicilié à la Maison-Blanche, mais il n’a guère d’originalité — à l’exception notoire de son choix de partenaire, une femme de 24 ans son aînée. Là-dessus, on ne sait trop quoi ajouter. On reste un peu bouche bée.


C’est fou, en fait, combien l’ambition brute et l’assurance pure et dure de ces chefs politiques instantanés (Donald Trump, Emmanuel Macron et d’autres) peut mener loin. Bien sûr, l’enthousiasme que suscite M. Macron est en partie dû à sa victoire sur Marine Le Pen. On applaudirait Frankenstein dans ce rôle tant le spectre de l’extrême droite fait trembler la France. Avec raison. Mais une part de ces soupirs appuyés, de ces applaudissements nourris s’adresse aussi à la coquille vide, à ce mythique « centre » sans véritable queue ni tête incarné par En marche !, à ce « triangle des Bermudes » dans lequel, par manque de solution de remplacement, on est prêt maintenant à se laisser aspirer.

Politiciens et politiciennes de demain, tenez-vous-le donc pour dit : les mains baladeuses, quelle que soit leur destination ultime, c’est non. Les idées baladeuses, par contre, celles que vous emprunterez à d’autres, celles qui vont et qui viennent et qui vous donneront cette allure ô combien dans l’air du temps, ça, c’est un gros oui. Profitez-en pendant que ça passe. On ne pourra pas faire l’économie de principes, de valeurs et de visions à long terme éternellement.

mercredi 19 avril 2017

Broche à foin

La conjugaison du plus-que-parfait du subjonctif ou la déclinaison du théorème de Pythagore (a2 + b2 = c2) ne sont pas, vous en conviendrez, l’entrée en matière rêvée pour une discussion sur la sexualité. À plus forte raison quand on a 10-12-14 ans, que le temps en classe est déjà long et que l’éveil à la sexualité, bien qu’omniprésent, se fait peu sentir à midi moins quart un mardi matin alors que la prof de français s’est curieusement métamorphosée en Janette-veut-savoir. Et toi, Arnaud, t’as déjà pensé à conjuguer le verbe avec ta petite-amie ?

Bienvenue au nouvel apprentissage d’éducation sexuelle qui devait débuter à l’automne 2017, partout au Québec, de la maternelle à la 5e secondaire, mais pour des raisons qui ne sont pas tout à fait claires, a été retardé. Après cinq ans de gestation, deux ans de projet-pilote dans une quinzaine d’écoles, et 860 000 $ d’investissement, nous ne sommes toujours pas prêts, dit le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. Il semblerait que malgré ce temps et l’argent investis, on accuse un manque de formation et de disponibilité de matériel pédagogique.

Curieusement, la toute nouvelle trouvaille du ministère, le cours « d’éducation financière », ne connaîtrait, elle, aucun retard. Le cours sera implanté obligatoirement dès l’automne prochain dans toutes les classes de 5e secondaire. Et cela, même si cette matière est déjà disponible (on discute finances depuis 2009 dans le cours Monde contemporain) et que les enseignants n’ont toujours pas été consultés sur ce nouveau curriculum. Il faut croire que la finance, pour le ministre, c’est du sérieux, et que l’éducation sexuelle, eh bien, c’est de l’improvisation. Comment sinon expliquer ce deux poids deux mesures ?

Imaginerait-on enseigner l’économie par petites « capsules » d’abord, au gré des humeurs des commissions scolaires et des dispositions d’enseignants, qui n’ont, en plus, aucune expertise particulière en la matière ? Car c’est le modèle qui a été retenu pour réintroduire l’éducation sexuelle à l’école, l’enseignement à la « transversale », c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de cours inscrits à l’horaire ou donnés par un enseignant attitré. Au moment de lancer le projet-pilote en août 2015, il revenait aux directeurs d’école de recruter des « volontaires », enseignants, infirmières ou travailleurs communautaires, pour instaurer des mini-ateliers ou « projets » qui s’égrèneraient comme par magie à l’intérieur du curriculum — à raison de cinq heures par année au primaire et quinze heures au secondaire. Ah, et tout ceci, sans budget additionnel ni « balises pédagogiques claires ».

« C’est un euphémisme de dire que c’est de la broche à foin », de ponctuer le président de la Fédération autonome des enseignants, Sylvain Mallette.

Il me semble qu’à choisir, je préférais connaître les moyens de contraception disponibles que de savoir gérer, à 16-17 ans, mon téléphone cellulaire ou ma carte de crédit. Pas vous ? Pouvoir reconnaître une maladie transmise sexuellement ou encore discuter de ce fameux « consentement » avant un rapport sexuel me semble plus utile, plus formateur et infiniment plus complexe, soit dit en passant, que de parfaire mes habilités de consommatrice avertie. À l’heure où le Web nous offre des gros plans de coïts au ralenti et que la violence sexuelle est un peu partout, il y a urgence aujourd’hui de refaire nos devoirs.

Rappelons que les cours de sexualité ont disparu en 2003, année où la réforme scolaire balayait l’incontournable « cours de formation personnelle et sociale », dans lequel s’inscrivait cette matière, pour faire plus de place aux cours de base, tels le français et les mathématiques. De 2003 à 2015, l’éducation sexuelle relevait donc de l’ensemble des enseignants « sans directives précises en la matière ». En d’autres mots, devenue l’affaire de personne en particulier, cette matière a été totalement marginalisée.

Il a fallu des pétitions réclamant de nouveaux cours en 2010, ainsi que la prolifération de la porno et une montée inquiétante de maladies transmises sexuellement pour pousser le gouvernement à agir, cinq ans plus tard. Mais avec les résultats peu convaincants que l’on constate encore aujourd’hui. Mise à part l’inclusion de l’éducation sexuelle au primaire et au préscolaire, sans doute une bonne idée, le nouvel apprentissage semble s’inspirer de la même désinvolture qui a marqué l’éducation sexuelle depuis 15 ans.

Le Québec est pourtant un endroit reconnu pour sa formation en sexologie. Qu’attendons-nous pour prendre l’éducation sexuelle plus au sérieux ?

mercredi 12 avril 2017

Le sens des mots

« Ça suffit ! » Comme s’il s’agissait d’une mauvaise blague qui aurait trop duré, c’est avec ces mots que le chef du Parti québécois a souligné son opposition à une commission sur le racisme systémique à laquelle, pourtant, son propre collègue Alexandre Cloutier et quelque 1900 pétitionnaires ont déjà donné leur aval, pour ne rien dire de partis politiques aussi opposés que le PLQ et Québec solidaire. « Ça suffit de culpabiliser les Québécois », de marteler la nouvelle Jeanne d’Arc de la nation québécoise, Jean-François Lisée.

On croit rêver. Aurait-on l’idée de refuser de tenir une commission d’enquête sur la disparition des femmes autochtones de peur de culpabiliser la police ? De refuser de tenir des états généraux sur l’éducation de peur de culpabiliser les ministres qui se sont succédé à ce ministère ? De refuser un forum aux victimes d’agressions sexuelles parce qu’humilier les hommes, ça va faire ? Selon le chantre en chef des vierges offensées, Richard Martineau, il n’y a qu’au Québec qu’« on lave notre linge sale en public ». Partout ailleurs, on fait ça comme des grands, « en toute discrétion ». C’est évidemment ignorer que tous les grands coups de barre, tous les impératifs que nous nous sommes donnés pour résoudre un « problème de société », que se soit en éducation, en santé, sur la question des femmes ou sur celle des autochtones, sont passés par ce genre de grand-messe que sont les commissions parlementaires. L’Ontario a d’ailleurs tenu la « Commission on Systemic Discrimination » à propos de son système judiciaire en 2011.

Il n’y a qu’au Québec que l’on semble vouloir ignorer le sens des mots. Systémique ne veut pas dire « chronique » ou « sans répit ». Le mot ne renvoie pas à une société pourrie, à une gang de racistes impénitents, à une tache noire au palmarès des nations. On peut être des gens ouverts et tolérants, comme le professe M. Lisée, et quand même faire preuve de racisme systémique. Le terme fait plutôt référence à un « ordre établi » qui dicte la place qui nous est assignée selon des critères connus mais souvent inconscients, tels le statut socioéconomique, le sexe et, oui, la race. Bref, le racisme et le sexisme sont systémiques, la bêtise, elle, comme la malhonnêteté intellectuelle, est individuelle.

Le mot « systémique » renvoie avant tout aux disparités sociétales. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents à ce chapitre. Sur 125 élus à l’Assemblée nationale, seulement 5 députés sont « racisés » ; à la Ville de Montréal, c’est 4 sur 103. Les chiffres colligés par le Conseil des Montréalaises, organisme voué à la promotion des femmes à l’hôtel de ville, sont particulièrement éclairants. Car les femmes occupent actuellement 44 % des postes administratifs et 32 % des postes de direction. Pas encore le pactole, dites-vous, mais une nette amélioration au cours des dernières décennies. Si on regarde maintenant quelle proportion de femmes racisées a réussi à grimper l’échelle, c’est l’hécatombe : seulement 4 %. En d’autres mots, les femmes provenant d’une minorité ethnique se retrouvent là où les Québécoises de souche croupissaient il y a 25-30 ans. Et on hésiterait encore à tenir une commission sur la discrimination raciale ?

Les remèdes à la discrimination ont beau être connus, dit-on, la raison première d’une commission est ailleurs : c’est d’abord de signifier à l’ensemble de la société que nous prenons cette question au sérieux. Une commission parlementaire est hautement médiatisée ; les choix que font les chefs d’entreprise ou les propriétaires d’immeubles ne le sont pas. Une commission (qui fait bien son travail) nous conscientise et nous responsabilise tous un peu davantage.

L’impératif de la conscientisation est d’autant plus urgent qu’on sait que la tolérance envers les immigrants est à la baisse. Un sondage CROP-La Presse fait en janvier dernier démontre que 55 % des Québécois francophones non seulement nient le problème du racisme, « ils n’hésitent pas à dire qu’ils voient d’un mauvais oeil l’immigration en général et celle des musulmans en particulier ». La crise des accommodements religieux, exacerbée de plus belle par le débat sur la charte des valeurs, a ravivé la vulnérabilité séculaire des Québécois, avec les conséquences que l’on sait.

Le temps ne serait-il pas venu de mettre sous la loupe ce sentiment de peur qui nous pousse à nous replier sur nous-mêmes tout en niant le problème ? Le chef du PQ ne rend service à personne en balayant la discrimination raciale sous le tapis tout en renforçant nos penchants à nous flatter la bedaine. Ceux qui prétendent vouloir bâtir un pays devraient au contraire s’empresser d’aérer les petits coins qui sentent le renfermé.

mercredi 5 avril 2017

Québec Inc., la plaie

S’il y a une vache sacrée au Québec, elle se promène en veston cravate et s’appelle Québec inc. Depuis 50 ans que nous sommes maîtres chez nous, nous avons toujours salué bien bas les entrepreneurs qui ont contribué à rapatrier notre économie et à rehausser notre estime de soi. Jusqu’à dimanche dernier, du moins, alors que 200 manifestants ont craché sur le fleuron de la Couronne, l’intouchable Bombardier. À la suite des augmentations obscènes chez ses dirigeants, la mèche est désormais plus courte face aux bonzes qui se croient tout permis.

Je laisse à d’autres le soin de ramener le roi de l’aérospatiale québécoise dans le droit chemin. Ce qui m’intéresse davantage, c’est plutôt la source de cette avarice éhontée : notre penchant à automatiquement récompenser ceux qui font « rouler l’économie ». Cette façon que nous avons d’en donner toujours davantage aux gens qui en ont déjà bien assez. Nous sommes gagas au Québec pour ceux qui savent ériger leur propre temple de la renommée, ceux-là mêmes qui se retrouveront à la grand-messe du dimanche soir, à l’heure de grande écoute, pour nous en mettre (encore) plein la vue.


Bien sûr, il n’y a pas que Bombardier dans cette galère. Je pense ici à Pierre Lavoie, Ricardo Larrivée et l’architecte Pierre Thibault, qui ont récemment été adoubés par le ministre de l’Éducation pour « repenser » l’école. Grande et noble mission pour « trois vedettes » qui n’ont rien à voir avec l’école proprement dite, outre des prestations hypermédiatisées à l’occasion, qui ne savent pas ce qui s’y fait (vraiment), mais qui arrivent auréolés par l’entrepreneuriat avec un grand E, le marketing à gogo, le branding tous azimuts et la page Facebook qui explose. Les attributs du Québec inc., en veux-tu, en v’là !

« Ils vont venir nous dire que ça prend des écoles mieux aménagées, ouvertes sur la nature, où on crée des espaces de collaboration. On le sait, tout ça »disait cette semaine le président de la Fédération autonome des enseignants, Sylvain Mallette, en soulignant l’insulte faite ici à tous les professionnels de l’éducation qui ont beaucoup plus d’idées sur la question, qui ont longuement réfléchi sur ce que devait être la mission de l’école, mais qui n’ont aucunement été conviés par le ministre.

On boude les véritables artisans, les vrais producteurs de contenu, au profit du béton, des infrastructures et de la poudre aux yeux. On trouve d’ailleurs une autre indication dans le budget Leitão du manque de considération pour les véritables penseurs dans le peu d’argent octroyé au Conseil des arts et des lettres du Québec. La SODEC — qui, elle, soutient les « entreprises » culturelles, des entreprises qui sont censées faire de l’argent — s’en tire un peu mieux. Mais le CALQ, qui finance essentiellement des artistes individuels, parmi les plus pauvres de la société, rappelons-le, est le grand perdant du dernier exercice financier. Il s’agit pourtant de ce qu’il y a de plus vital pour une société, de notre âme en quelque sorte. On se souvient tous de ce qu’aurait dit Churchill au moment où on l’incitait à couper dans les arts au profit de l’effort de guerre : « Alors, pourquoi nous battons-nous ? »

Comprenez-moi bien. Je ne remets pas en question le besoin de trouver de nouvelles idées concernant l’école. Trop de réformes concoctées en vase clos ont trop souvent donné de mauvais résultats. Je ne remets pas non plus en question le besoin de favoriser l’apprentissage en créant des espaces plus conviviaux. À cet égard, Pierre Thibault, bien que n’ayant jamais construit d’école, aurait pu recevoir un mandat ministériel vu son intérêt pour la chose. Un mandat discret, sérieux, plutôt que ce remake saugrenu des Trois mousquetaires qui arrivent avec peu d’idées, mais bon nombre de clichés. « On va faire une différence par notre énergie »disait Ricardo à Anne-Marie Dussault cette semaine.

Encore une fois, personne ne remet en question l’importance pour les enfants de bouger ou de bien manger. Mais n’y a-t-il pas suffisamment d’organismes déjà voués à la cause ? Les YMCA, par exemple, font un extraordinaire travail auprès des enfants, seulement sans fanfare et avec infiniment moins d’argent. Ce qui décourage — presque autant que les sommes faramineuses systématiquement accordées à Bombardier —, c’est l’enthousiasme du gouvernement pour un projet qui tient, pour l’instant, à la seule capacité de ses acteurs de nous éblouir par leur surprésence médiatique.

La question, donc, se pose : à l’heure où l’on cherche à dissocier les « valeurs marchandes » de l’école, à revenir aux valeurs premières du savoir, est-ce vraiment des rois de la mise en marché dont on a besoin ?