jeudi 25 juin 2020

Lendemain de veille

Encore une fois, la chanson est venue nous sauver. Alors que le climat est tendu, le citoyen, de mauvaise humeur et le politicien, fatigué… le spectacle de la Saint-Jean est venu nous rappeler qu’à défaut de croire en quelque chose, en cette année de fin du monde, on croit au moins en ceci : la possibilité de s’élever au-dessus de la mêlée un instant, de se donner tout entier au plaisir des mots et des sons qui requinquent et réconfortent à la fois. À défaut de véritable communion, cette 43e Fête nationale a réussi l’exploit de bâtir un pont entre l’isolement des uns et des autres et l’immensité du territoire, rappelant, à l’instar de Fred Pellerin, ce « commencement du monde », la périlleuse aventure en cette vaste terre à ses débuts, faisant une boucle entre les solitudes d’hier et celles, non moins profondes, d’aujourd’hui.
Un baume, c’est sûr. Mais qu’en restera-t-il demain ? Malgré l’appel à l’unité — « Tout le Québec à l’unisson », clame le slogan de l’heure —, le coude à coude des Québécois demeure une vue de l’esprit. On a beau avoir tourné le dos à 40 ans de guerres intestines entre Québec et Ottawa, le gouvernement Legault a beau péter des scores de popularité, « tout le Québec » ne regarde pas dans la même direction pour autant. Tout le monde, au contraire, et le spectacle en témoignait, est conscient de se tenir sur la pointe des pieds au bord d’une falaise. L’équilibre est précaire. On retient son souffle en attendant la suite.
En plus de susciter de petites guerres de trottoir, des débats houleux autour du port du masque, de la tension chez les restaurateurs et de la déprime chez les artistes, la crise sanitaire a également souligné une vieille fracture qui va aujourd’hui s’amplifiant, une espèce de guerre des Rose entre deux camps ennemis : les positivistes d’une part, adeptes du bon vieux Québec de chez nous ; et les négativistes de l’autre, chantres du Québec à transformer au plus sacrant. Ceux qui croient que ce pays, parti de loin, est aujourd’hui un endroit exceptionnel contre ceux qui croient que nous dormons au gaz.
Remplaçant la vieille polarisation fédéraliste/souverainiste, celle-ci s’articule davantage sur un axe gauche/droite — les « jamais contents » étant davantage à gauche et les « ça va bien aller » davantage à droite. Dans la catégorie des optimistes, on trouve aussi plus d’hommes, plus d’entrepreneurs et de gestionnaires, alors qu’on trouve plus de femmes, d’artistes et de journalistes, tous naturellement plus pessimistes, dans la deuxième. Mais il n’y a pas de catégorie étanche ici. La fracture qui divise aujourd’hui le Québec est plus complexe qu’une simple polarisation gauche/droite ou encore fédéraliste/souverainiste. C’est d’abord une question de valeurs, pas d’option politique, ce qui rend les discussions — comme en témoigne éloquemment le débat sur les réseaux sociaux — d’autant plus explosives.
Le débat sur les signes religieux et, plus récemment, celui sur le racisme (systémique ou pas, selon votre affiliation) ont également illustré cette confusion dans laquelle on s’enfonce.
Comment se fait-il qu’on puisse regarder la même situation et voir deux choses complètement différentes ? Une réussite pour les uns, un échec pour les autres. Bien sûr, il y a un jeu de bascule ici : plus la gauche critique, plus la droite encense. Et vice versa. Mais cette propension à passer l’éponge, à ne pas vouloir faire « le procès des Québécois », est devenue très… québécoise. C’est une caractéristique de plus en plus répandue. D’où vient-elle ?
La Révolution tranquille a créé un avant et un après dans l’histoire du Québec. Le fait d’être passés rapidement de la Grande Noirceur à un tout nouveau monde nous a donné, pour la première fois de notre histoire, un sentiment de puissance. En l’espace d’une quinzaine d’années, le Québec est passé d’un des endroits où l’on faisait le plus d’enfants au monde à un des endroits où l’on en faisait le moins, sans parler de la sécularisation des institutions, de la mise en valeur de l’éducation, de la reprise en main de l’économie, etc. On s’est donné les moyens de devenir bien autre chose. C’est un exploit indubitable qui, à mon avis, a non seulement contribué à ce sentiment de réussite, mais aussi à celui d’être au-dessus de la coche. Nous avons fait brillamment nos preuves, l’histoire est là pour en témoigner.
Cette conviction d’avoir fait le grand ménage, d’avoir mis les problèmes résolument derrière nous, ne serait-elle pas aussi un peu responsable de l’incurie qu’on découvre aujourd’hui dans nos établissements de santé ? Après tout, il aura fallu 5000 morts pour nous alerter de la grossière négligence qui sévit dans les CHSLD, sans parler du dysfonctionnement dans l’ensemble du réseau. Comment se fait-il qu’on n’ait pas vu ça avant ? Une certaine tendance à s’asseoir sur nos lauriers y serait-elle pour quelque chose ?
En ce lendemain de veille, souhaitons-nous, oui, de la résilience et de la solidarité, mais peut-être surtout l’humilité de nous remettre en question.

mercredi 17 juin 2020

La théorie de la pomme pourrie

François Legault persiste et signe. Le premier ministre veut agir « rapidement » contre le racisme, mais sans pour autant utiliser le mot « systémique ». Oui, « il y a du racisme au Québec », mais « la grande majorité des Québécois ne sont pas racistes », dit-il. Bien qu’il énumère lui-même tous les secteurs où le racisme est susceptible de créer des problèmes — « la sécurité publique, l’école, le logement, les lieux de travail » —, pas question pour M. Legault de montrer un quelconque « système » du doigt. Pas question de culpabiliser les Québécois. Le poison ne serait pas sociétal, mais bien le fait de quelques tristes individus. Les fameuses « pommes pourries ». Faudrait-il s’en prendre au verger pour autant ?
La contorsion intellectuelle à laquelle s’astreint le chef du gouvernement est d’autant plus curieuse qu’elle arrive au moment où, un peu partout dans le monde, on reconnaît enfin l’ampleur de la discrimination raciale. Le premier ministre Justin Trudeau, la mairesse Valérie Plante, le chef de police du SPVM, Sylvain Caron, et jusqu’au dictionnaire Merriam-Webster reconnaissent tous désormais le caractère systémique du racisme. La mort de George Floyd a eu l’effet de remettre les pendules à l’heure.
De la même façon que l’affaire Harvey Weinstein est venue tout à coup souligner l’ampleur du phénomène des agressions sexuelles, le faisant passer d’une série d’anecdotes à un drame social d’envergure pour les femmes, la lente agonie d’un homme noir aux mains d’un policier blanc a finalement révélé l’affaire pour ce qu’elle était : un abus de pouvoir qui se répète ad nauseam plutôt qu’une simple bavure policière. Aux États-Unis, on interpelle, on arrête, on bat, on incarcère et, finalement, on tue les Noirs de façon éhontée. C’est un fait bien documenté. On peut en dire autant des Autochtones dans ce pays. Au cours des trois derniers mois, huit Autochtones ont été tués par la police canadienne. Ce n’est pas un simple hasard.
Bien sûr, on peut regarder chacun de ces événements par le petit bout de la lorgnette, en s’attardant simplement à ce qui saute aux yeux : homme apparemment saoul, ou soupçonné de méfait, dans un quartier mal famé, tard le soir. C’est la théorie de la pomme pourrie où, en s’en tenant mordicus au cas par cas, on voit bien que la victime s’est elle-même mis les pieds dans les plats. On veut bien admettre du bout des lèvres qu’il y a eu excès de zèle, mais pas sans soupçonner la victime d’être un peu responsable de ce qui lui arrive. George Floyd, aux yeux des policiers, était un homme avec un casier judiciaire, un chômeur soupçonné d’avoir payé des cigarettes avec un faux billet de 20 $. Il s’agit seulement d’une toute petite partie de l’histoire de cet homme — qui d’ailleurs s’était remis en selle avant que la pandémie lui vole son emploi — mais, jusqu’à récemment, c’était la seule partie qui intéressait.
La théorie de la pomme pourrie a longtemps servi à interpréter le viol. Jusqu’à la publication de l’essai coup-de-poing Against Our Will : Men, Women and Rape (1975), de la journaliste américaine Susan Brownmiller, le viol était perçu comme un désir masculin détraqué, hors de contrôle. Un crime passionnel de la part d’un inconnu, provoqué très souvent par une femme un peu trop aventurière. Comme le Petit Chaperon rouge face au gros méchant loup, les femmes étaient tenues en partie pour responsables de ce qui leur arrivait — de la même manière qu’on tient les Noirs et les Autochtones pour responsables aujourd’hui de leur détention judiciaire. Une façon pour les hommes de se déculpabiliser face au viol et pour les Blancs de se déculpabiliser face à l’arrestation à répétition des personnes racisées.
Considéré comme « un des 100 livres les plus influents du XXe siècle », Against Our Will a transformé notre conception du viol. Dans la décennie qui a suivi sa parution, les lois ont changé, rayant le mot viol en faveur d’agression sexuelle afin de définir le crime non plus comme un soudain et imprévisible dérapage sexuel, mais plutôt comme un acte de violence. On considère désormais l’agression sexuelle comme un acte d’intimidation qui a pour effet de provoquer la crainte chez toutes les femmes. C’est un geste qui a de profondes implications collectives, en d’autres mots. Cette menace est en partie responsable de la manière avec laquelle les femmes se comportent et se voient elles-mêmes. Il a fallu attendre le mouvement de protestation #MeToo, déclenché par l’affaire Weinstein en octobre 2017, pour comprendre à quel point l’agression sexuelle est en réalité un problème politique, pas juste une mauvaise passe individuelle.
Tout ça pour dire que c’est cette dimension politique que le premier ministre Legault refuse de voir en niant l’existence du racisme systémique. En s’attaquant uniquement à la pointe de l’iceberg, il passe littéralement à côté du problème. Avec une attitude qui cherche d’abord à déculpabiliser son électorat, plutôt qu’à s’attaquer aux racines du mal, comment ose-t-il prétendre pouvoir venir à bout du racisme au Québec?

mercredi 10 juin 2020

L’état d’urgence va comme un gant à François Legault. Après trois mois de crise sans précédent, le premier ministre demeure calme, souriant, toujours prêt à « trouver la solution ». C’est un pompier dans l’âme qui excelle à éteindre les feux, ainsi que chaque point de presse nous le rappelle. Ce mélange de témérité et de simplicité fait du chef caquiste un des politiciens les plus redoutables que le Québec ait connus récemment.
Malheureusement, le premier ministre ne démontre pas la même prouesse dans l’enceinte parlementaire. Le système législatif, un processus long, complexe et fastidieux, l’impatiente toujours un peu. Prétextant le besoin de relancer l’économie au plus vite, le projet de loi 61 est un bon exemple de son penchant à tourner les coins ronds. En prolongeant « l’état d’urgence sanitaire jusqu’à ce que le gouvernement y mette fin », on cherche ici à faire la démonstration qu’il est possible « d’aller plus vite », de réduire les délais pour les mises en chantier d’un an à trois mois, en favorisant « un processus moins bureaucratique » au Québec.
Qui dit mieux ? Derrière ce qui peut sembler comme un cours de pragmatisme 101, une autre démonstration du gros bon sens dont M. Legault a le secret, se cache une proposition scandaleuse à maints égards. Tel que présenté, le projet de loi 61 constitue un abus de pouvoir en ce qui concerne l’application de principes établis, dont l’allocation de contrats publics, la gestion de compétences dans le milieu de la construction, les lois d’aménagement et d’urbanisme et, peut-être surtout, les lois environnementales.
On a d’ailleurs eu un avant-goût de ce que le pragmatisme appliqué à l’environnement peut donner. « Il ne faut pas être vus comme ceux qui veulent empêcher la réalisation des projets », dit une communication interne du ministère de l’Environnement, révélée par Thomas Gerbet de Radio-Canada la semaine dernière. Ouvrant la porte à « un changement de culture », en flagrant délit de sa propre loi constitutive qui oblige le ministère à protéger les intérêts environnementaux, le sous-ministre de l’Environnement, Marc Croteau, invite ses fonctionnaires à devenir des « promoteurs ». « The show must go on », comme on dit à Hollywood.
Mettre l’économie devant l’environnement est également une intention manifeste du projet de loi 61. Les articles 20 et 23 permettent de contourner la protection de la faune ou de la flore menacées par de simples compensations financières. Le ministère procède déjà de cette façon pour les milieux humides, privilégiant l’argent sur la table plutôt que la préservation d’un écosystème essentiel. « On ne modifie aucune norme environnementale, change les façons de faire », s’est contenté de dire l’imperturbable ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

Changer les façons de faire est d’ailleurs précisément ici ce qui inquiète. « Nos gouvernements doivent adopter des lois conformes aux règles existantes », dit la professeure de droit et membre du comité de suivi de la Commission Charbonneau, Martine Valois. Or, le PL61 permet justement au « pouvoir exécutif de contourner le pouvoir législatif » en réinterprétant les lois à sa guise. Rappelons que l’état d’urgence en vigueur depuis le 13 mars doit être renouvelé par le gouvernement tous les 10 jours. Une mesure exceptionnelle doit demeurer exceptionnelle, en d’autres mots. Mais voici que pour « aller plus vite » le gouvernement se sent soudainement autorisé d’étendre cette mesure d’exception à sa guise.
Ainsi, le Québec se dote d’une immunité judiciaire qui non seulement limite le recours devant les tribunaux, mais lui donne le pouvoir de limiter d’autres droits sous prétexte de l’urgence nationale. « On n’est pas loin d’un geste antidémocratique », dit le président de la FTQ, Daniel Boyer. Sans parler de la précipitation avec laquelle le gouvernement procède pour l’adoption de ce projet de loi. « À un jour ouvrable, on nous demande notre avis sur un projet de loi qui donne pratiquement tous les pouvoirs au gouvernement. 45 minutes de consultations, ce n’est pas une ouverture au dialogue social », ajoute-t-il. Le projet de loi 61 permettrait également au gouvernement d’ajouter éventuellement à sa liste de projets accélérés, « sans avoir à en débattre plus d’une heure avec les oppositions ».
À la question qui nous taraude depuis le début de cette pandémie — quel monde nous attend demain ? — le gouvernement du Québec fournit un début de réponse. On ne se range pas derrière un monde plus lent, plus soucieux des enjeux environnementaux, plus respectueux des droits humains. Si les plus optimistes ont cru voir dans cette pause planétaire une occasion inespérée de refaire le monde sur une base plus humaine ce sont les pessimistes, encore une fois, qui semblent avoir raison. Non seulement la révolution n’est pas pour demain, « l’évolution tranquille » qui se dessine ici nous rappelle un autoritarisme qu’on croyait révolu.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi 61 est un retour en arrière plutôt qu'un bond en avant.

mercredi 3 juin 2020

Une question de vie et de mort

Dans un monde qui a pourtant vu bien des horreurs, la lente suffocation de George Floyd dans une rue passante d’une grande ville nord-américaine atteint un sommet. Il y a quelque chose de particulièrement traumatisant dans l’image de ce policier agenouillé sur le cou d’un homme, l’air insouciant, la conscience manifestement en bandoulière, comme s’il n’enregistrait pas son geste malgré les lamentations de sa victime (« Je ne peux pas respirer ! ») et les cris de passants (« Il ne bouge plus, laissez-le ! »).
On nous répète souvent que l’humanité est en constante progression, que nos civilisations se raffinent, que le monde est aujourd’hui moins cruel et moins violent. Nous cheminons, dit-on, vers la lumière. Mais voilà qu’il fait noir tout à coup. Cette image de cruauté inouïe n’est pas sans rappeler une autre image implacable, celle du chef de police de Saïgon sur le point de flamber la cervelle d’un sympathisant Viêt Cong, en pleine rue, en 1968. Deux époques, deux morts en direct, deux montées aux barricades. Les manifestations qui ne dérougissent pas aux États-Unis actuellement, rappelant celles, mémorables, d’il y a 50 ans, n’ont pas seulement comme cible la dernière statistique de brutalité policière. Comme les manifestations contre la guerre au Vietnam jadis, on assiste à une révolte devant l’injustice, à un vase qui déborde face à des politiques discriminatoires et sanguinaires. Un vertige que la crise mondiale actuelle ne fait qu’alimenter.
Signe des temps, le même jour où un policier blanc asphyxiait un homme noir — supposément pour avoir fait circuler un faux billet de banque — une femme blanche dénonçait à la police un autre homme noir après que celui-ci lui a demandé de mettre son chien en laisse. Devant un refus de se plier aux règlements, l’ornithologue et habitué de Central Park, Christian Cooper, s’est alors mis à filmer le chien et sa maîtresse à l’aide de son téléphone. « J’appelle la police pour dire que ma vie est actuellement menacée par un Afro-Américain ! », crie aussitôt Amy Cooper (aucune relation avec le supposé agresseur), devenant de plus en plus agitée au fur et à mesure qu’elle s’entretient avec le 911.
Heureusement, l’histoire se termine beaucoup mieux pour Christian Cooper que pour George Floyd. Il n’y aura pas d’arrestation musclée dans son cas et son accusatrice se verra même obligée de s’excuser après que l’altercation a fait le tour des réseaux sociaux et qu’elle ait été congédiée par son employeur.
Cette querelle peut paraître banale en comparaison à la mort tragique d’un homme. Elle ne l’est pas. Cette fausse accusation d’Amy Cooper est l’alpha, et l’exécution publique de George Floyd, l’oméga d’un même système raciste. Aux États-Unis, c’est au nom de la protection des femmes blanches que les lois ségrégationnistes se sont érigées. « Après la guerre civile, à la suite de l’abolition de l’esclavage, les politiciens blancs ont utilisé la peur du viol de femmes blanches par des Noirs comme moyen de codifier la terreur raciale […] Le carnage devint de la chevalerie », écrit le chroniqueur du New York Times Charles E. Blow.
Des exemples de l’instrumentalisation de la vertu des femmes pour intimider la communauté noire abondent aux États-Unis, dont l’histoire de George Stinney Jr, condamné en 1944 à la chaise électrique après avoir été faussement accusé du viol de deux jeunes blanches. Son procès dura quelques heures seulement et le jury, entièrement composé d’hommes blancs, délibéra pendant à peine 10 minutes avant de le reconnaître coupable. George Stinney avait seulement 14 ans au moment de son exécution. Des images du film qui raconte cette histoire circulent sur les réseaux sociaux actuellement. Et pour cause. Le système de terreur qui tient les Afro-Américains en laisse est une vieille histoire.
Cette histoire, bien qu’exacerbée et particulièrement criante chez nos voisins, n’est pas exclusive aux États-Unis, faut-il le rappeler. Le racisme consiste à voir ceux qui ne nous ressemblent pas comme étant étrangers à soi, une distorsion répandue. « Quand vous voyez les gens différemment, vous les traitez différemment », dit l’ex-policière noire et représentante démocrate, Val Demings. À noter d’ailleurs que les manifestants anti-confinement, majoritairement blancs et parfois armés jusqu’aux dents, n’ont pas du tout été incommodés lors des dernières semaines. On n’a pas cherché à contenir leur mécontentement et le président américain s’est bien gardé de les traiter de « voyous ». Alors que les manifestants antiracistes, eux, sont attendus de pied ferme, police antiémeute, gaz lacrymogènes et couvre-feux à l’appui. Et bientôt, l’armée ?
Craignant le pire, tous les regards se tournent maintenant vers les États-Unis. Maître de la division, jouant un Néron obnubilé par le feu à sa porte, Trump semble prêt à souffler sur les flammes pour assurer sa réélection. Faudra-t-il arrêter de compter les morts causées par la pandémie pour mieux compter ceux de cette nouvelle conflagration ?