mardi 20 novembre 2012

Notre Prince William à nous



Des études récentes montrent que les gens qui ont de belles gueules se font mieux traiter que les "ordinaires" parmi nous. Non seulement les regarde-t-on davantage, on les écoute plus et, surtout, on leur accorde des qualités d'intégrité et de crédibilité sans pourtant en avoir la preuve, mise à part le blanc de leurs yeux et la courbe de leurs mentons. C'est injuste mais c'est comme ça. Et Justin Trudeau, visiblement, le sait mieux que quiconque.

À le voir dimanche dernier à Tout le monde en parle, en pleine possession de sa superbe machinerie (en plus, il embellit en vieillissant, le maudit) détendu, charmant, flirtant même avec le fou du roi, Dany Turcotte, admettez-le que je suis irrésistible, murmurait son langage corporel... le fils number one de Pierre Elliott Trudeau, et candidat à la chefferie libérale, exsudait la confiance en soi.

Des deux nets avantages que Justin Trudeau possède à ce moment-ci de la course, son patronyme et son sex-appeal, il n'est pas dit que le deuxième aspect ne lui rapporte pas davantage. Le coeur des jeunes filles, c'est clair, bat la chamade, et pas seulement des jeune filles. La combinaison de ces deux formidables atouts font de JT notre Prince William à nous, le seul à prétendre à une certaine noble lignée, sans nécessairement l'avoir mérité, en plus d'être vachement agréable à regarder.

Justin a d'ailleurs donné une réponse digne de Paris Match, et de son statut de beau prince, en parlant du divorce de ses parents comme l'erreur qu'il voudrait lui-même éviter. C'était de loin la réponse la plus déroutante qu'il ait donné. Comme c'est son habitude, l'aspirant jeune chef à mis du temps à répondre, marquant le coup, nous donnant amplement de temps d'imaginer sa réponse.

"L’erreur que votre père a commise que vous ne referez pas", demande Guy A Lepage.

Il ne referait pas le coup de la taxe sur l'énergie, j'ai tout de suite pensé, vu ses efforts à reconquérir l’Alberta depuis sa nomination. Ou, mieux, il ne planterait pas un couteau dans le dos des Québécois, pour une question de constitution. La question cherchait manifestement ce genre de réponse. J’étais parfaitement dans le champ. 

"Il n'a pas su garder sa famille unie et...s'est divorcé avec ma mère", est venue la réponse.

Genre de réplique où l'on est partagé entre un certain dédain et une certaine admiration, comme lorsque sa mère Margaret est partie s’éclater, du temps qu'elle habitait le 24 Sussex, avec les Rolling Stones à New York. Une réponse à mille lieux de la tête mais assez proche, on devine, du coeur. 

J'admets faire partie de ceux qui attendent Justin Trudeau au détour. Je le vois davantage comme "le fils de sa mère", pas seulement à cause des ressemblances physiques, mais parce qu'il transpire l'émotivité bien davantage que l’intellect.  Mais j'admets aussi qu'il donne un bien meilleur spectacle que j'aurais imaginé. Non seulement son combat de boxe a-t-il été un coup de génie, le jeune loup est plus déterminé, plus capable de prendre la critique et plus engagé qu'on l’aurait cru.

Sûr, la reconstruction du parti libéral fédéral semble une tâche si gigantesque qu'on imagine mal Trudeau junior comme l'homme de la situation. Pour ne rien dire de la "substance" qui se fait attendre. Les grandes idées ne sont pas toujours au rendez-vous dans les discours de JT. Mais rendons quand même à César. En plus de sa capacité de performer, l'aspirant chef s'est approprié une idée capitale : la nécessité de miser sur la classe moyenne et ainsi réclamer le centre de l'échiquier politique. L’idée lui vient directement de la scène américaine, ça sent d’ailleurs un peu trop l’emprunt, mais rien ne dit qu'il n'y a pas du millage à faire avec ça, au nord du 49e parallèle.

Une des grandes leçons du 6 novembre est que les Américains, malgré une polarisation intense entre la gauche et la droite ces dernières années, préfèrent finalement être gouvernés au centre. Or ce qui est vrai des USA l'est davantage du Canada, de nature beaucoup moins extrême que nos voisins du sud. Malgré notre nouvel axe politique gauche-droite -- Stephen Harper au pouvoir et la nouvelle opposition NPD obligent -- il est fort à parier que la majorité canadienne est centriste dans l'âme.

En allant chercher les mêmes éléments qui ont donné la victoire à Obama, les immigrants, les femmes, les gais, c'est-à-dire en grignotant tant dans la cour des conservateurs (les immigrants) et des néo-démocrates (les femmes, les gais), en plus de faire le plein chez les jeunes et les vieux libéraux, Justin Trudeau pourrait peut-être bien remettre le PLC sur la carte sans trop de remue-méninges, encore moins l'idée de faire le pont entre les "deux peuples fondateurs" .

En le regardant faire ses pirouettes dans la cour du roi, dimanche dernier, j’ai compris que j'avais probablement sous-estimé notre jeune prince. Saura-t-il nous impressionner davantage?  Reste à voir. Ou, comme dirait son père, just watch him. Les médias, pour ne rien dire de la popularité galopante de JT, nous y condamnent, de toutes façons.

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