mercredi 26 juin 2013

L'espion qui venait du chaud



Le scénario est digne de John le Carré. Un jeune consultant en informatique employé par la National Security Agency, agence d'espionnage officiel américaine, vivant une vie de rêve à Hawaii, avec belle maison et, encore mieux, belle blonde qui affectionne les petites tenues affriolantes, abandonne tout et s'envole pour Hong Kong où il dévoile, exemples à l'appui, l'étendue de la surveillance électronique américaine, notamment par l'intermédiaire de Google, Facebook et Apple.

"Je ne veux pas vivre dans un monde où tout ce que je fais et dis est enregistré," dit le jeune nerd.

L'administration américaine riposte aussitôt en demandant l'extradition du "traître", l'accusant de trois chefs d'espionnage, ce qui pourrait lui valoir la prison à vie. Mais plutôt que d'acquiescer à la demande, l'ex colonie britannique, avisée désormais de la surveillance américaine à son insu, fait la sourde oreille et laisse le filou filer à l'anglaise.
Dans une cavalcade digne de James Bond (ici John le Carré passe le flambeau à Ian Fleming), le jeune futé s'envole alors pour Moscou où il est acclamé par la foule et prestement protégé par le pays de Poutine. Après la Chine, la Russie est aussi la cible de la surveillance américaine, a pris la peine de démontrer celui qui désormais ne divise pas seulement les coeurs mais, aussi, les pays.

Au moment d'écrire ces lignes, on ignore si l'auteur de cette immense intrigue  internationale a pu s'envoler vers l'Equateur, ou autre pays latino prêt à faire un pied de nez aux Américains. Et tout ce théâtre, je vous fais remarquer, de la part de quelqu'un qui n'a pas fini son secondaire et était un employé de "bas niveau" à la NSA.

Héros des temps modernes, Edward Snowden? Ou adolescent attardé qui s'amuse à narguer les autorités?

Avant de raviver, à lui seul, le cadavre tiède de la Guerre froide, l'homme à la barbichette divisait l'opinion publique, c'est sûr. Courageux idéaliste pour plusieurs, il est vu comme une sérieuse menace à la sécurité pour bien d'autres. Lorsque Thomas Friedman du New York Times s'est mis de la partie, on a compris que ce n'était pas gagné pour le fugitif. "Oui, je crains les abus d'un programme de surveillance, écrit le célèbre chroniqueur.  Mais je crains un autre 11 septembre bien davantage."

Les défenseurs de Snowden, eux, font remarquer que la surveillance accrue des dernières années n'a pu empêcher ni même détecter l'attentat de Boston. Bref, le terrorisme sévit côte à côte avec Big Brother, le régime de surveillance absolue d'abord imaginé par (un autre célèbre romancier anglais) George Orwell. En effet, un des aspects les plus troublants de cette histoire est certainement la collaboration de compagnies privées telles Yahoo, Google et Facebook dans l'espionnage d'innocents citoyens. Ces darlings de l'internet ont nié toute participation active mais c'est leur système de cueillette et d'analyse de données, connu sous le nom de Hadoop, qui est utilisé dans les programmes gouvernementaux de surveillance.

Si vous avez subitement reçu une offre pour une balayeuse après vous être intéressé à un livre sur le travail ménager, ou pour un massage, après avoir lu en ligne sur le stress, vous avez une petite idée de quoi il s'agit. "Impossible de surévaluer l'importance de Hadoop dans nos vies", écrit Andrew Leonard sur le site Salon.com. "En sachant donner une valeur marchande à l'énorme flot de données qui définissent notre quotidien, Hadoop a effectivement ouvert la porte à l'État de surveillance."

Peu importe de quel côté vous vous situez, il y a quelque chose d'inquiétant du fait que Snowden n'est pas la première personne accusée d'espionnage par l'administration Obama, mais bien la septième. C'est deux et même trois fois plus que tout autre gouvernement américain. L'homme qui avait promis la transparence et la défense des libertés individuelles, qui avait tendu la main à la génération des Edward Snowden précisément à leur parlant leur langage, en communicant par internet, aujourd'hui leur tourne le dos.

L'ironie est que l'augmentation de l'espionnage électronique --ce qui aux USA passe par une privatisation inquiétante -- va nécessairement reposer sur "la génération qui a grandi avec l'internet", disait cette semaine le fondateur de Wikileaks. Selon Julian Assange, qui reprend du poil de la bête avec l'affaire Snowden, "en essayant d'écraser les dénonciateurs, le gouvernement américain se met à dos toute une génération". Ce qui évidemment ne peut que revenir le hanter.

Sûr que si Orwell écrivait aujourd'hui, il y aurait un bataillon de jeunes gars à lunettes s'amusant à saboter les mécanismes de "contrôle de la pensée" de  Big Brother. Pas sûr, par contre, que la fin de l'histoire serait terriblement différente.

mercredi 19 juin 2013

Maudits artistes



Le Québec aime ses artistes, entend-on souvent. On les promène, on les applaudit, on les encourage. Et on les étale ad nauseam le dimanche soir à la télé. Le Québec aime ses artistes mais encore faut-il qu'ils soient un brin vedette pour mériter cette attention. Sinon, nous dit un récent rapport sur la philanthropie, et combien de statistiques déprimantes, on est plutôt enclin à les laisser croupir dans la misère.

Le salaire moyen d'un artiste québécois était de 24,600$ en 2009, cinq fois moins qu'un courtier de portefeuilles, deux fois moins qu'un pompier et à peu près égal au salaire d'un chauffeur de taxi. Grâce à la loi québécoise sur le statut de l'artiste, on gagne un peu plus ici qu'ailleurs au Canada, mais à peine.

C'est précisément à cause de cette situation dramatique qu'une controverse fait rage actuellement dans le milieu du cinéma. Le diable est aux vaches suite à l'envoi d'une lettre ouverte au Ministre de la culture, Maka Kotto, le 18 mai dernier. Faisant front commun, les cinq associations qui régissent les métiers cinématographiques-- scénaristes (SARTEC), réalisateurs (ARRQ), comédiens (UDA), musiciens (GMMQ), techniciens (AQTIS)-- demandent qu'on cesse de financer les productions qui "privent les artistes du minimum."

On peut difficilement être contre de tels principes mais n'applaudissez pas trop vite. Les associations en n'ont pas seulement contre les gros producteurs qui, en sous-payant créateurs et artisans, s'en mettraient plein les poches, ils ont aussi à l'oeil les "petites productions indépendantes" qui contournent les ententes syndicales. C'est-à-dire qu'ils veulent forcer petits et gros, indépendamment des moyens de chacun, à faire affaire avec leurs associations.

Le syndicalisme est une belle et grande chose sauf quand ça ressemble à de l'intimidation. La lettre des associations, proposant de couper les vivres à ceux qui ne respectent pas la règle syndicale, suinte la manière forte. Cette lettre a d'ailleurs eu l'effet d'une bombe dans le milieu du documentaire, le parent pauvre du cinéma, aux prises avec des restrictions budgétaires énormes depuis cinq ans. Je peux vous en parler de vive voix, et même la larme à l'oeil, car j'ai "autoproduit" mes trois derniers documentaires, manière que dénonce les associations. De peine et de misère, faut-il préciser. La seule raison de produire un documentaire, en plus de le réaliser et de le scénariser, travail gigantesque et dépareillé s'il en est, c'est d'y être forcée, de ne pas pouvoir se passer de cet argent-là.

Malgré les apparences --des documentaires qui prennent aujourd'hui l'affiche des grands cinémas, qui font parler d'eux, des festivals de films très courus-- il est aujourd'hui très difficile de gagner sa vie en documentaire. Les règles ont changé, les télés sont moins intéressées et le financement a ratatiné. La seule façon d'y arriver, c'est de cumuler les titres: production, réalisation, scénarisation. Si, en plus, vous faites de la caméra, du son ou du montage, si vous pouvez conduire un camion ou faire des photos de plateau, encore mieux. Les rangs du documentaire ont décuplé ces dernières années parce qu'envahis par des jeunes gens capables de tout faire, et ne craignant pas la famine au bout du mois.

C'est précisément à ce genre d'initiative "sous le radar" que le front commun s'oppose. L'Alliance québécoise des techniciens de l'image et du son (AQTIS), le meneur de claque dans cette affaire, s'est montrée particulièrement agressive à dépister les petites productions délinquantes, les sommant à conclure une entente avec eux. La loi sur le statut de l'artiste leur donne cette prérogative.

"Ça manque de jugement", dit une jeune productrice, Stéphanie Verrier, une des premières ciblée par l'AQTIS.  Ironie: parmi ces supposés délinquants, vous ne trouverez pas la moindre position antisyndicale.  Que les associations défendent leurs membres, on est pour. Qu'ils agissent comme si rien n'avait changé dans le monde du travail depuis 25 ans, on est contre.

Nous vivons de plus en plus dans un monde cassé en deux, avec les privilégiés d'un côté, bénéficiant de bonnes conditions de travail, sûrs de leur droit à toujours exiger davantage, comme de la retraite qui les attend, et tous les autres, sans retraite ni bénéfices, sans même de salaire dans bien des cas. Qui s'intéresse à cette partie de l'équation? Les associations demandent au ministre de revoir la loi sur le statut de l'artiste pour augmenter les pouvoirs syndicaux alors que c'est précisément le contraire qu'il faut.

Tous les artistes sont des "travailleurs autonomes" par excellence. C'est les pouvoirs de l'individu artiste qu'il faut revoir, si c'est vrai qu'on les aime et, surtout, qu'on les respecte. 

mercredi 12 juin 2013

Le visage sombre de l'Amérique


Après 26 ans dans le couloir de la mort, c'est aujourd'hui à 18h, dans une prison d'état de la Floride, que William Van Poyck sera mis à mort par injection létale. Van Poyck est accusé du meurtre d'un agent correctionnel lors d'une tentative de libération d'un ami prisonnier en 1987. Poyck doit se compter chanceux puisque son complice, Frank Valdes, a été battu à mort par des gardes de prison en 1999.

Avant d'être menotté et transféré, le 3 mai dernier, dans un cubicule attenant à la "chambre de la mort", où il est constamment sous observation, Van Poyck était un des rares à témoigner des abus du système, dit le journaliste Chris Hedges. Devenu un espèce de Jean Genest des condamnés à mort, Van Poyck publie depuis des années un blog (deathrowdiary.blogspot.com) qui a fait sa renommée.

"Ici dans le couloir on déduit l'heure de l'exécution en voyant apparaître le vieux Cadillac blanc à la grille du poterne, le même vieux corbillard que j'observe depuis 40 ans venant cueillir les cadavres (...) Imaginez-vous un instant couché sur le brancard, les aiguilles dans le bras, sachant que c'est maintenant que ça se termine et, tout à coup, un cruel sursis, on arrête tout, une cour quelque part réexamine votre cas. Vous vous y accrochez, vous comptez les minutes, entouré d'hommes aux visages sévères, le coeur en cavalcade, terrifié, vos pensées se butant aux parois de votre cerveau. Et puis, le téléphone au mur sonne, et on vous dit que, non, vous allez mourir. J'appelle ça un traitement cruel et inusité."

Van Poyck a toujours maintenu qu'il n'avait pas tiré les coups qui ont coûté la vie à l'agent de prison. Et même s'il l'avait fait, demande Chris Hedges, l'État peut-il tuer au nom de la justice? "Est-ce qu'on viole les violeurs? Est-ce qu'on abuse sexuellement les pédophiles? Est-ce qu'on écrase les chauffards avec une auto?..."

L'envers du fameux rêve américain --une place au soleil pour qui le veut-- ce sont ces sinistres couloirs qui s'allongent exponentiellement depuis 40 ans : 134 condamnés à mort en 1973 contre 3,125 en 2013. Tous les pays occidentaux qui utilisaient la peine de mort, dont le Canada, ont abandonné la pratique pour une raison évidente: un État ne peut avoir droit de vie et de mort sur ses citoyens, même les plus perfides d'entre eux. C'est moralement indéfendable et ouvre la porte aux pires abus.

On voit d'ailleurs la forme que prennent ces abus aux USA. Accusé d'avoir  mis "la sécurité nationale en danger", le jeune soldat Bradley Manning est devant une cour martiale en ce moment même, sans possibilité de plaider son droit de conscience. Posté en Iraq en 2010, Manning a coulé des informations à WikiLeaks, notamment un vidéo d'une attaque par hélicoptère tuant 12 civils, dont deux journalistes de Reuters.  L'agence de presse a exigé de voir la vidéo, mais l'armée américaine a nié son existence.

"Bradley Manning croyait de son devoir d'informer le public des abus qui avaient été commis", dit son avocat, David E. Coombs. Seulement, les documents publicisés par Manning, relatant des meurtres et de la torture, sont "classifiés" et non admissibles en cour. Le soldat ne peut donc plaider qu'il avait un droit moral et légal, selon le droit international, de dénoncer des crimes de guerre puisqu'il n'a pas accès aux documents qui constituent sa défense.  Un "lynchage judiciaire" qui pourrait voir l'homme de 25 ans emprisonné à vie, étant donné l'acharnement de l'administration américaine à le poursuivre pour chacune des 22 accusations qui pèsent contre lui. Ou, si vous voulez, l'équivalent de se faire battre à mort par des dits agents de sécurité.

On ne joue pas impunément avec la sécurité de l'Oncle Sam. Edward Snowden, lui, l'a bien compris et eut la bonne idée de se réfugier à Hong Kong cette semaine avant de publiciser les programmes secrets de l'Agence de sécurité nationale visant l'écoute téléphonique et les communication d'internautes. " «Vous ne pouvez pas savoir tout ce qui est possible de faire, l'ampleur de leurs capacités est horrifiante», dit-il.

Et le Canada là-dedans? Les dernières révélations concernant le Centre de la sécurité des télécommunications montrent que le "plus meilleur pays du monde" n'a pas résisté aux pressions américaines pour supposément lutter contre le terrorisme. On soupçonne qu'ici aussi d'honnêtes citoyens ont été espionnés par excès de zèle. On se doute aussi que, dans des circonstances similaires, le gouvernement conservateur se montrerait aussi impitoyable que nos vis-à-vis du Sud. Comment s'en surprendre? Entre autres abus commis par son gouvernement, Stephen Harper est aussi le seul Premier ministre en 50 ans à se dire favorable à la peine de mort.

mercredi 5 juin 2013

La revanche des crucifix

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Jusqu'à maintenant, on pouvait rire du zèle religieux du maire de Saguenay, Jean Tremblay, de ce besoin impérieux d'invoquer le Père, le Fils et le Saint-Esprit sur la place publique. Mais la récente décision de la Cour d'appel du Québec rend la chose moins drôle.

Oublions, pour l'instant, le caractère biaisé du jugement, la Cour ayant rejeté le point de vue de l'expert du mouvement laïc tout en retenant les perspectives pieuses de la partie adverse. Allons à l'essentiel, c'est-à-dire à l'insidieuse équation, faite à répétition, entre la religion catholique et le patrimoine culturel.

"La prétention selon laquelle l'État devrait faire preuve d'abstentionnisme en matière religieuse, écrit le juge Guy Gagnon, me parait en contradiction avec son devoir de préservation de son histoire."

Les deux bras vous tombent. Non seulement sommes-nous en présence de quelqu'un qui, visiblement, ne comprend pas grand chose à la séparation de l'Église et de l'État, la notion de base de la laïcité, mais la décision du juge Gagnon nous fait entrer officiellement --il s'agit de jurisprudence, après tout-- dans ce que j'appellerais la religiositude québécoise. De la religion qui en a pas l'air, plus cool que le maire Tremblay, disons, de la religion de vitrine, mais de la religion quand même. 

Le juge Gagnon nous dit essentiellement qu'il faut s'incliner devant les crucifix pour mieux rester Québécois. Ainsi, il vient non seulement d'élever la religion catholique au-dessus de toute autre, il vient de nous l'enfoncer dans la gorge ad vitam. C'est le pape, perpétuellement inquiet de la perpétuation de la foi, qui doit être content. Il y a certainement une recette ici à appliquer à tous les peuples qui ont grandi à l'ombre des clochers et des grandes statues en plâtre.

Le juge Gagnon, évidemment, n'a pas sorti ça de son chapeau. De toutes les provinces canadiennes, le Québec est l'endroit où l'on trouve le plus de gens ayant une appartenance religieuse : plus de 80% des Québécois se disent catholiques, la très grande majorité des francophones en d'autres mots. C'est énorme. Mais, en même temps, le Québec est l'endroit où la pratique religieuse, de ces mêmes supposés catholiques, est la plus basse. Règle général,  on est pas du tout des Jean Tremblay, mais on arrive difficilement à lâcher le morceau. Au Québec, il y a une intériorisation du catholicisme, un espèce d'atavisme qui nous attache aux articles de la foi même quand on ne croit plus. Un hommage au passé, sans doute, une reconnaissance implicite du fait que la religion a longtemps été un facteur de survivance, en conjonction avec la terre et la langue. Que sais-je.

De là à créer un précédent juridique ou, encore, de tricoter une charte des "valeurs québécoises" comme le veut le Parti Québécois, il y a un pas à ne pas franchir. Au nom du combat identitaire, tant la Cour d'appel que le PQ nous obligent à une contorsion idéologique de mauvais aloi: prétendre que le crucifix de l'Assemblée Nationale ou les prières au conseil municipal de Saguenay sont de "neutralité bienveillante", pour reprendre le terme du juge Gagnon, à être respectés par tout bon Québécois respectueux des traditions et de la culture, alors que le turban du jeune sikh joueur de soccer ou le hijab de la caissière à la Société d'assurance automobile sont de nature menaçante. Il faut que cesse cette hypocrisie.

Sans peut-être le vouloir, la décision de la Cour ainsi que les velléités politiques du PQ sont en train de remettre la religion de nos ancêtres en odeur de sainteté, alors que c'est précisément le contraire qu'il faudrait. Au moment où nous assistons au festival de la corruption municipale, comment ne pas se demander la part de responsabilité du catholicisme là-dedans? Le règne absolu de l'Église a favorisé un système de faveurs et d'indulgences au Québec à mille lieues d'un système démocratique, un système privé qui opérait loin des regards indiscrets, sans jamais être obligé de rendre de comptes à personne.  Une seule règle: aime-Moi et le ciel t'aimera, te bénira, te comblera même de cadeaux (un jour). Ce que le maire de Saguenay semble d'ailleurs avoir très bien intégré. "Quand je vais arriver de l'autre bord, je vais pouvoir être un peu orgueilleux. Je vais pouvoir lui dire je me suis battu pour Vous." 

Plutôt que de déguiser la religion (catholique) en culture, il est urgent de se doter d'une vraie charte de la laïcité, de se donner, sans tomber dans le favoritisme, des règles claires qui nous permettront, comme écrivaient Gérard Bouchard, Pascale Fournier et Daniel Weinstock récemment, "de rester qui nous sommes, de croire ou de ne pas croire, sans perdre nos droits à l'égalité."